Juan Gabriel Vásquez, né à Bogota en 1973, a fait des études de lettres à la Sorbonne. Il a vécu en Belgique avant de s'installer à Barcelone. Auteur de plusieurs romans, il a reçu en 2012, le prix Roger Caillois pour l'ensemble de son œuvre. Son dernier roman Les réputations a été sélectionné par les Editions Points dans le cadre du Prix du meilleur roman 2016.
Célèbre caricaturiste politique colombien, pouvant faire tomber un
magistrat, renverser un député ou abroger une loi avec pour seules armes
du papier et de l'encre de Chine, Javier Mallarino est une légende
vivante. Certains hommes politiques le craignent, d'autres l'encensent.
Il a soixante-cinq ans et le pays vient de lui rendre un vibrant
hommage, quand la visite d'une jeune femme le ramène vingt-huit années
en arrière, à une soirée lointaine, à un "trou noir". Qu'avait fait ce
soir-là le député Adolfo Cuéllar et qu'avait vu exactement Javier
Mallarino ? Deux questions qui conduisent le dessinateur à faire un
douloureux examen de conscience et à reconsidérer sa place dans la
société.
A quoi tiennent les réputations ? Parfois à un simple trait de crayon. Un dessin pour faire trembler les politiciens, faire et défaire des carrières, des vies. Oui, un dessin peut tuer. Malheureusement, nous l'avons découvert avec effroi, il y a un peu plus d'un an.
Imaginez un député raillé, humilié, ridiculisé par un célèbre caricaturiste dont la devise est qu'une caricature est comme « un aiguillon enrobé de miel ». Imaginez que ce caricaturiste ait assisté à une scène impliquant une fillette, qu'il l'ait dessinée et publiée. Cette caricature de trop aura pour conséquence le suicide de ce député. Imaginez que presque vingt-huit ans plus tard, ce célèbre caricaturiste soit amené à douter. Que s'était-il réellement passé ce jour-là ? Et s'il n'était finalement qu'un médiocre colporteur de rumeurs, un franc-tireur de la réputation d'autrui, un bourreau d'encre ?
"Les grands caricaturistes n'attendent d'applaudissements de personne, ils ne dessinent pas pour cela : ils dessinent pour déranger, incommoder, être insultés. On m'a insulté, on m'a menacé, on m'a déclaré persona non grata, on m'a interdit l'entrée de certains restaurants, on m'a excommunié. Et j'ai toujours réagi de la même manière, ma seule réponse aux plaintes et aux agressions a été la suivante : les caricatures peuvent forcer la réalité, pas l'inventer. Elles peuvent déformer, jamais mentir." (p.55).
Avec Les réputations, Juan Gabriel Vásquez nous invite à réfléchir sur le pouvoir des médias et leurs conséquences parfois irréversibles. En 190 pages seulement, l'auteur dissèque le mécanisme de la réputation. Le style est efficace, l'écriture fluide. Un réel exploit. Je ne peux que vous inviter à découvrir Les réputations de Juan Gabriel Vásquez.
Bonne lecture !
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