Généralement, je ne prête pas trop attention aux conseils lectures des uns et des autres. Mais lorsque j'ai entendu Gérard Collard parler du dernier thé de maître Sohô, paru chez Arléa (excellente maison d'édition) j'ai su que j'allais succomber. J'ai succombé et autant vous dire que je n'ai aucun regret tant la plume poétique de Cyril Gely m'a conquise. Allez venez, préparez vous un bon thé, on embarque pour le Japon du XIXème siècle.
Juillet 1853. La flotte américaine entre dans la baie d’Edo. La modernité rattrape le Japon. Mais Ibuki, une jeune femme rebelle, n’a qu’un rêve : devenir samouraï. Elle part en quête d’Akira Sohô, illustre guerrier qui a délaissé la violence du sabre pour la voie du thé. Leur rencontre sera bien plus qu’un affrontement entre maître et disciple. Tout les oppose mais les extrêmes, dit-on, finissent toujours par se rejoindre.
Voie du sabre ou voie du thé ? Ce conte poétique nous emporte dans le Japon de la tradition mais aussi dans l’histoire de deux destins qui trouveront leur accomplissement.
Le dernier thé de maître Sohô est un voyage philosophique et poétique qui réunit l'art du thé et celui du sabre. Dès l'épigraphe, toute la culture et l'esprit du Japon nous gagnent. Le temps se fige, une bulle de douceur nous enveloppe. Abandonnant le fracas du monde, nous voici partis à la rencontre de la sagesse et de la fougue. La sagesse d'un vieil homme, ancien samouraï, maitrisant l'art du thé. La fougue d'une jeune fille rebelle refusant de devenir la neuvième génération de distillateurs de saké. Considérant que Japon et samouraïs sont indissociables, qu'ils ne font qu'un, qu'ils sont dans tous les cœurs, dans toutes les mémoires, les collines, les rivières, dans tous les vents, c'est travestie en homme, qu'elle partira au devant de celui qui, elle l'espère, deviendra son maître et lui apprendra la voie du sabre. Il lui enseignera bien plus que cela. L'art de la calligraphie, de la peinture de la poésie et surtout l'art du thé. Commence alors une longue initiation à la sagesse et au voyage intérieur.
Le dernier thé de maître Sohô est un savoureux conte initiatique. Chaque court chapitre apporte son lot de joie, d'émerveillement, de poésie et de philosophie. La plume à la fois minimaliste et poétique de Cyril Gely et la construction narrative de son roman permettent de laisser infuser toute la profondeur contenue dans les échanges d'un maître et de son disciple et de nous révéler lentement l'intrigue de ce récit d'une beauté absolue.
Laissez vous gagner par la sérénité, la lenteur. Portez l'eau à ébullition, choisissez quelques feuilles de thé et venez à la rencontre de maître Sohô. Moment bonheur garanti !
Belle lecture !