François Bégaudeau est un écrivain, critique littéraire et scénariste français. Auteur de nombreux romans, on lui doit le fameux Entre les murs, inspiré par son expérience d'enseignant en ZEP au Collège Mozart à Paris qui lui a valu le Prix France Culture-Télérama et la Palme d'or au Festival de Cannes 2008 puisque ce roman a été porté à l'écran par Laurent Cantet. Pour cette rentrée littéraire, l'auteur vient nous raconter L'amour (Éditions Verticales). Et c'est exactement ce dont nous avions besoin !
J’ai voulu raconter l’amour tel qu’il est vécu la plupart du temps par la plupart des gens : sans crise ni événement. Au gré de la vie qui passe, des printemps qui reviennent et repartent. Dans la mélancolie des choses. Il est nulle part et partout, il est dans le temps même.
Les Moreau vont vivre cinquante ans côte à côte, en compagnie l’un de l’autre. C’est le bon mot : elle est sa compagne, il est son compagnon. Seule la mort les séparera, et encore ce n’est pas sûr.
L'amour entre ces deux-là s'écrit sans majuscule et en moins d'une centaine de pages. Pourtant, il a duré une cinquantaine d'années. Un amour simple et ordinaire à l'instar de la vie de Jeanne et Jacques Moreau. Elle est réceptionniste dans un hôtel, il travaille dans l’entreprise de maçonnerie de son père. Entre eux, pas de coup de foudre, pas de passion dévorante, juste une attirance qui au gré des rencontres va les mener devant Monsieur le Maire. S'ensuit le petit pavillon, l'enfant que l'on n'a pas vu grandir et voilà qu'arrivent déjà les petits-enfants. La vie sans histoire des Moreau défile au gré des pages. Une vie simple ancrée dans le quotidien, parsemée de chamailleries, d'instants bonheurs mais également de petits et grands malheurs.
L'amour est autant d'instantanés mis bout à bout. En effet, ce roman se lit comme on feuillèterait un album de famille dont les photos auraient jauni. Avec mélancolie. On constate que le temps file, que les choses évoluent. Les téléphones sont à touches, les bouteilles de soda en plastique, les mouchoirs en papier, les têtes d’hommes nues, les machines à coudre envolées, le papier peint suranné, les baguettes tradition, les wagons non-fumeurs, les shorts de foot longs. Ils vieillissent ensemble et puis un jour l'un des deux disparaît. Alors l'autre survit.
Aucun doute, François Bégaudeau nous offre un petit bijou éminemment touchant, empli de tendresse. Certes L'amour qui unit Jeanne et Jacques n'est pas grandiloquent, mais il est profond et sincère. Il s'est construit à deux. Au jour le jour. Jusqu'à ce qu'elle devienne sa compagne et lui son compagnon. Jusqu'à ce que l'ordinaire devienne extraordinaire. Pour preuve, la longévité de leur couple ! Finalement, il n'y a pas que les amours impossibles qui fendent les cœurs, mouillent les yeux, il y a aussi celles ordinaires qui nous narrées avec brio. À lire d'une traite.
Belle lecture !