vendredi 24 juillet 2015

Mon avis sur "L'Ombre douce" de Hoai Huong Nguyen

"L'ombre douce" est le premier roman de Hoai Huong Nguyen pour lequel elle a reçu pas moins de six prix en 2013.
Française d'origine vietnamienne, l'auteure retranscrit parfaitement la culture vietnamienne des années cinquante ainsi que le climat de la guerre en Indochine française. Son prénom qui signifie  « se souvenir du pays » la prédestinait certainement à écrire ce livre.

1954, dans un hôpital militaire de Hanoï, Yann, un soldat breton, est soigné par Mai. Ils tombent amoureux, mais le père de la jeune fille l'a promise à un autre. Elle s'insurge, elle est bannie de la famille... Ils se marient en toute hâte, avant que Yann rejoigne la cuvette de Diên Biên Phu. Après la défaite de l’armée française, Yann est emmené dans un camp d’internement. 

"L'ombre douce" un oxymore pour décrire la splendeur d'un pays, la douceur des sentiments et la violence de la guerre d'Indochine. L'eau et le feu. Le Yin et le Yang. Et c'est là tout le talent de Hoai Huong Nguyen qui nous dépeint au fil des pages avec beaucoup de poésie et surtout de pudeur le Vietnam d'hier. Outre la violence de la guerre, la condition des filles, l'auteure nous conte avec grâce et subtilité une histoire d'amour intense et absolue, le tout avec beaucoup de retenue, de silence et de pudeur.
Il y a différentes manières de dire non, de prononcer ces trois lettres en miroir au son précis et définitif, ce không qui associe la dureté de la palatale à la rondeur de l'ô. Il y a des non indécis qui se perdent dans le silence et se transforment quelquefois en oui ; et il y a des non qui changent le cours des choses et détruisent parfois tout sur leur passage. Mai n'était pas de ces gens qui ne savent dire non. Elle se disait à elle-même que si elle avait le courage,  et elle aurait le courage de refuser le mariage avec Ushi Lei, il n'y aurait pas de mérite à cela, il n'y aurait qu'une simple volonté de vivre. Car, dans sa situation, refuser ce mariage était pour elle une manière de dire non à la nuit ; et si le oui et le non étaient les deux visages d'une même réalité, il y aurait dans le passage de l'un à l'autre tout le champ des possibles. (p. 43)
 
Il y a de nombreux chemins qui mènent les hommes vers les ténèbres, des raisons compréhensibles et d'autres insaisissables ; des accès de folie et de longues maladies, des suicides réfléchis et d'autres dérisoires. Si l'on pouvait interroger les morts après leur descente aux enfers, certains diraient peut-être qu'ils regrettent, et d'autres qu'ils ont trouvé la paix, une forme de consentement au néant - les âmes perdues, on ne peut pas savoir. Mais lorsque la nuit était allée à la rencontre de Mai, il y avait simplement de la malchance et du malheur. Trop d'attente, de douleur et de honte. Le monstre perfide aurait pu la laisser s'en aller, mais il lui avait tendu la main en souriant, un jeu de dupes, et Mai avait pris cette main sans réfléchir, la main grêle de la nuit - elle avait donné la sienne, alors ce fut trop tard. ( p. 150)

Qui connaît la culture vietnamienne ne pourra qu'être touché par la sensibilité et la délicatesse de ce livre qui résonne tant en moi. Sous fond de conflit, "L'ombre douce" est un hymne à la splendeur et à la douceur du Vietnam ainsi qu'à la grandeur des sentiments.

Un conseil, laissez-vous bercer par les mots, le rythme du récit d'une rencontre entre une vietnamienne et un français.


Bonne lecture !

mardi 21 juillet 2015

Mon avis sur "Vernon Subutex 2" de Virginie Despentes

Rappelez-vous, en janvier dernier, paraissait le premier volume de Vernon Subutex de Virginie Despentes. J'en avais particulièrement apprécié la lecture. C'est une véritable cartographie sociologique de notre société contemporaine que l'auteure nous livrait, une vraie comédie humaine digne de Balzac.
Le deuxième opus allait-il me décevoir ? 
Et bien non, il est encore plus plaisant à lire. Un vrai régal ! Je me suis délectée de chaque page. 
Nettement moins noir que le tome 1, le second volume est l'occasion de tirer le portrait psychologique de chacun des personnages rencontré précédemment.

Vernon Subutex, ancien disquaire en galère est désormais SDF. Il squatte le quartier des Buttes-Chaumont et ignore toujours qu'il est pisté pour les enregistrements vidéo qu'il possède de son vieux pote chanteur mort d’une overdose, Alex Bleach. Très vite ces enregistrements seront découverts. Un revirement va alors s'opérer... Et si nous pensions pouvoir ranger cette saga dans la catégorie  polar, très vite il va falloir changer d'étiquette !  Celle de roman psycho-sociologique lui siérait mieux.
Virginie Despentes  nous fait prendre un virage inattendu et va dédier un chapitre à chaque personnage qui gravite autour de Vernon Subutex.  Elle
nous aidera à comprendre comment peu à peu ils  ont  laissé filer leurs rêves.
Il n'est donc plus question de sexe, de drogue, de musique, mais de portrait psychologique, d'engagement politique, le tout écrit avec finesse et humanité. Les chapitres s'enchaînent, s'imbriquent. Le rythme est soutenu et la verve qui caractérise tant l'auteure est au rendez-vous.

Extraits choisis :
La Véro, c'est de la vielle godasse, il l'enfile et il est bien dedans. Il n'y a pas de hasard, vingt ans d'affilée avec la même greluche, si moche et chiante soit-elle, c'est qu'on lui trouve quelque chose. Il ne lui avait toujours rien dit. Il avait décidé de garder ça pour lui. Il craignait que la nouvelle de sa bonne fortune se répande comme une traînée de poudre et que des hordes de femelles surgissent de derrière les fourrés, prétendant qu'il était le père de leurs enfants et réclamant des tests ADN pour profiter de son argent.
Petit à petit il s'était habitué à la situation et avait compris ce qu'il allait faire avec cet argent : rien. (p. 41)
.../...
- T'es tellement  un gros con, qu'est-ce que tu crois ? Parce qu'un oncle a dû te refiler dix mille euros en clamsant on va tous s'accrocher à toi comme des morbacs ?  Pauvre crevard, tu me fais de la peine... Vas-y crache ta Valda, de combien tu as hérité ?
- Et qu'est-ce que ça changerait, ma pauvre si je te disais que j'avais hérité ? Tu saurais quoi en faire, de l'argent ? Tu vas pas aller t'acheter des fringues - t'es bâtie comme un tonneau dans lequel on aurait mis des coups de pied, qu'est-ce que tu voudrais ?  Aller chez le coiffeur ? Il ne te reste pas quatre cheveux sur le caillou. Te faire épiler la moustache ? Si ce n'est que ça, bouge pas, je te prête un rasoir. Qu'est-ce que tu crois ? Tu te paierais une liposuccion ? Vas-y, va te faire liposucer, connasse, et laisse moi boire ma bière en paix ! (p. 44)
.../...
La Véro avait haussé les épaules, résignée à ce que ses rêves ne servent à rien mais contente de les bichonner, et avait répondu, sans hésiter : "Si j'avais de l'argent, mon coco, moi j'irais voir New York. New York, Los Angeles, le Grand Canyon et Chicago." Elle disait ça sur un ton qu'il ne lui connaissait pas, un ton sans acrimonie ni ressentiment, un ton de jeune fille en vérité, et il aurait pu se foutre de sa gueule de baisser la garde si facilement mais il s'est laissé faire, il s'était laisser toucher. Elle avait ça en stock, la vieille salope. Elle ne se doutait pas qu'il pouvait lui payer le voyage, c'était sorti comme ça, ni pour faire la maligne, ni pour l'entourlouper. Elle avait mis ça de côté, quelque chose qui lui faisait envie, un truc à caresser. Vingt ans qu'il se la cognait de bar en bar à la tenir quand elle trébuchait, à l'écouter vomir chez lui, et jamais elle ne lui avait parlé de ça. Et la voilà qui souriait, de toutes ses dents pourries - elle a encore tous ses chicots mais vu la couleur et l'état, ça aurait été plus hygiénique qu'ils tombent. Il l'avait rabrouée, par habitude. Mais elle l'avait épaté. (p. 45)

.../...

Mélenchon est meilleur que Marine, sur tous les plans. Son seul problème, pour plaire, c'est qu'il n'est pas raciste. Les gars se sont tellement fait nettoyer la tête, depuis dix ans, que le seul truc qui les obsède, c'est pouvoir dégueuler leur haine du bougnoule. On leur a confisqué toute la dignité que  des siècles de lutte leur avait conférée, il n'y a pas un moment dans la journée où ils ne se sentent pas traités comme des poulets qu'on plume, et la seule putain de combine qu'on leur a vendue pour se sentir moins nuls, c'est de brailler qu'ils sont blancs et qu'à ce titre ils devraient avoir le droit de mater du basané. Et de la même façon que les gamins de banlieue crament les voitures en bas de chez eux et n'attaquent jamais le XVIè, le Français précaire tape sur son voisin de transport en commun. Il reste docile même dans ses agacements : à la télé, la veille, on lui a fait savoir qu'il y avait plus dégradé que lui, plus endetté, plus misérable : le Noir qui pue, le musulman qui tue, le Rom qui vole. Tandis que ce qui constituait la véritable culture de ce peuple français, les acquis sociaux, l’Éducation nationale, les grandes théories politiques, a été démantelé, consciemment - le tour de force de cette dictature du nanti aura été sa manipulation des consciences. L’alliance banques-religions et multinationales a gagné cette bataille. Ils ont obtenu du citoyen sans patrimoine qu'il renonce à tous ses droits, en échange d'avoir accès à la nostalgie de son impérialisme. Là encore, camarade, tu te fais avoir : si tu crois que le trésor des colonies était pour tout le monde, déjà à l'époque on ne t'octroyait que le droit de te sentir blanc, c'est-à-dire un peu mieux traité que ton collègue qui ne l'était pas. Du mineur au mouton qui pousse son caddie, on n'aura pas vécu longtemps sous le règne du citoyen instruit. (p. 68 & 69).

J'arrête là, sinon je vais finir par recopier le livre... 
Quelles tirades ! Quel talent ! Et chaque page est du même acabit.
Vous l'aurez compris, je suis totalement sous le charme des Vernon Subutex de Virginie Despentes. Un conseil, si ce n'est pas encore fait, lisez-les, sinon, vous risqueriez de passer à côté d'un chef-d’œuvre.


Et s'il vous plaît les Éditions Grasset, envoyez le tome 3, je suis prête.

Bonne lecture !

samedi 18 juillet 2015

Mon avis sur "Les dieux sont vaches" de Gwendoline Hamon

"Les dieux sont vaches" est le premier roman de Gwendoline Hamon, actrice, metteur en scène et petite-fille de Jean Anouilh.
Ce livre bien que romancé est en fait un hommage rendu à sa maman partie trop tôt, rongée par une saleté de cancer. Il est aussi un témoignage de ses derniers instants vécus ensemble.

Caroline croyait aux énergies, aux forces divines et souterraines, aux médiums étranges. Mariée très jeune, elle a eu des enfants, des amants, des rêves... Elle suspendait un pendule au-dessus de la tête de ses futurs gendres et imaginait des prénoms d'Indiens pour ses petits-enfants. Elle était singulière, merveilleuse et quelquefois cruelle.
Quand rentrant de New York, Zélie apprend que sa mère est gravement malade et que les médecins ne lui laissent que huit jours à vivre, son monde s’écroule. Pourtant Zélie entourée de son père et de sa sœur, va entrer en guerre. Elle va tout mettre en œuvre pour que sa maman qui nie sa maladie, ne sache rien de la gravité de son état. Elle va se battre, lutter contre sa peine et  s'efforcer de rendre ces huit petits jours (qui finalement dureront soixante-neuf jours) les plus doux possible. Elle rassurera sa mère, allègera sa souffrance, s'entourera pour ce faire des bons médecins, préviendra les bons amis et ensemble diront à cette femme en partance, tout ce qu'ils ont à lui dire et surtout combien ils l'aiment.
Il a fallu organiser cette semaine épouvantable pour que maman ne s'affole pas. Prévenir les quelques membres de la famille proche, les meilleurs amis. Nous ne pouvions pas autoriser n'importe qui à lui rendre visite, elle aurait facilement compris que quelque chose ne tournait pas rond et nous en aurait voulu atrocement. Et puis il fallait que les visiteurs soient assez intimes avec elle pour qu'elle accepte d'être vue dans son lit, sans fards. (p. 63).
Avec "Les dieux sont vaches" Gwendoline Hamon nous livre avec humour, sans jamais être larmoyante, ni sombrer dans le pathos, le portrait de sa mère à qui elle voue une admiration et un amour incommensurables, cette femme fantasque, exubérante et si attachante. 
En outre, ce livre est un joli témoignage des relations mère - fille, qui nous renvoie forcément à celles que nous entretenons avec notre propre mère, voire avec notre propre fille.
 - Je t'aime maman, tu sais...
Et là miracle... D'une petite voix fluette et sourde elle me souffla :
- Moi aussi je t'aime ma chérie, je t'aime plus que tout. Je ne savais pas que tu étais si généreuse, si douce, que je comptais tant pour toi. Tu es mon bébé, mon petit bébé.

Puis elle prit mon visage entre ses mains osseuses et l'embrasse goulûment comme on bouffe son nouveau-né.
Ce fut un moment de grâce entre elle et moi. J'aurais pu me dire "tout ça pour ça", mais j'ai pensé "ça y est, elle m'aime enfin pleinement. Je vais être délivrée, guérie".
Ce n'est sans doute pas par hasard si cet irrésistible besoin d'être aimée a dévoré mon existence. Je venais d'avoir la réponse à mes interrogations, la récompense à ma quête maladive. La forme à ce moment précis qu'avaient prise ces trois mots "je t'aime" m'avait réconciliée avec la névrose infantile qui me suivait depuis toujours. Me mère m'aimait, je n'étais pas née pour rien. (p. 197-198).
Gwendoline Hamon indique en préface que ce récit est sorti avec une volonté d'expier une culpabilité enracinée au plus profond d'elle-même et de la délivrer d'une douleur. Elle dit qu'elle nous le livre sans pudeur, sans peur.
Je ne sais pas si l'auteure sera parvenue à expier sa culpabilité, mais ce dont je suis certaine c'est qu'elle nous livre un témoignage poignant que toutes les filles voudraient pouvoir livrer à leur mère et que toutes les mères voudraient voir livré par leur fille.

Et oui, parfois, les dieux sont vaches...

Bonne lecture !

vendredi 17 juillet 2015

Mon avis sur "L'Éternel" de Joann Sfar

L’Éternel est le premier roman de Joann Sfar.
Joann Sfar, ça vous dit peut-être quelque chose ? 

Joann Sfar est dessinateur, scénariste de bande dessinée mais également réalisateur. C'est d'ailleurs à lui que l'on doit le film en 2010 Gainsbourg, vie héroïque. Grosso modo, tout ce que fait Joann Sfar se transforme en César.  César du meilleur premier film en 2011, puis un an après, César du meilleur film d'animation, pour Le Chat du rabbin.

Et ce premier roman, prix ou pas prix ?

Ionas, violoniste juif ukrainien, doux rêveur mort au combat en 1917, ressuscite sous la forme d'un vampire. Son obsession : retrouver sa fiancée, Hiéléna. Mais dans un monde qu'il hante, Ionas n'a plus sa place. Et boire du sang pour "vivre" le plonge dans des affres de culpabilité. Alors il traverse le monde et les époques, élit domicile à New York. C'est là qu'il rencontre Rebecca Streisand, psychanalyste tout juste veuve d'une célèbre rock star...

A lire la quatrième de couverture, ce livre ne m'attirait pas plus que cela. Ne me demandez pas pourquoi, je ne saurai l'expliquer. Toujours est-il qu'une fois commencé, je ne l'ai plus quitté... 
Tout commence en 1917, sur le front russe. Ionas et Caïn, deux frères juifs d'Odessa, aux tempéraments opposés sont pris dans un traquenard tendu par les Allemands. Ionas, le romantique, meurt. Caïn, le dévergondé -sexuel-, part annoncer la nouvelle à la fiancée d'Ionas, Hiéléna. Évidemment il la séduira, l'épousera et l'enfantera. Ionas quant à lui se relèvera, mais sous les traits d'un vampire. Du statut de mort, il devient immortel et ainsi Ionas traversera le siècle pour se retrouver à New York. Il y rencontrera la jeune veuve d'une rock star et psychanalyste, Rebecca Streisand. 
  - La séance est finie.
A ces mots, il se mit à voler partout dans la pièce. Elle lui indiqua la fenêtre, puisque c'était par là qu'elle souhaitait qu'il sorte.
  - On va se revoir quand ? demanda le monstre.
 - Pas avant la semaine prochaine. Vous comptez à nouveau me faire une dissertation sur mon métier, dit-elle en le raccompagnant, ou vous allez enfin me parler de vous ?
  - Je me méfie, objecta Ionas qui enjambait déjà la fenêtre à guillotine. Si je vous dis trop de choses, vous pourriez me faire du mal.
  - Je m'en fiche du temps que ça prend, c'est vous qui payez.
Elle était contrainte de parler fort car le vampire volait déjà au-dessus du vide.
  - Ha ! Ha ! Si vous acceptiez une invitation au restaurant, je me livrerais plus volontiers.
  - Ça foutrait en l'air la thérapie ! cria-t-elle avant de quitter la fenêtre. Et vous ne mangeriez rien du tout et... moi non plus puisque je suis au régime !
...
  - Et si vous continuez de me draguer de façon aussi lourde, je vous raye de mes rendez-vous !
  - Je ne suis pas lourd, je suis "vintage". Et si vous me rayez, je vous mange
  - Vous ne vous apercevez pas que tous vos comportements sont des boucliers pour ne surtout pas aborder les choses sérieuses ?
  - Mais c'est très sérieux !
  - Votre psychanalyse, c'est pas du tout sûr que ça marche et que ça me fasse du bien.et que ça fasse du bien. Par contre et je peux l'affirmer de façon infaillible..., je sais que si vous acceptiez de m'embrasser, ça produirait un effet dulcifiant, positif, c'est une très vieille médecine que je pratique souvent.
  - Classe ! Parlez-moi de vos autres conquêtes, ça fait hyper envie.
  - Non bien entendu que non vous pensez bien que si je ma donne tant de mal c'est que vous êtes très spéciale, que vous avez un...
  - Tirez-vous ! Mais vous vous entendez !!! J'ai enterré mon mec ce matin ! Ça vous inspire rien ?
  - Je ne vois pas le rapport, répondit Ionas avec le plus grand sérieux.
  - Ah oui ? Si vous mouriez et qu'on essayait de vous piquer votre nana avant même que vous soyez refroidi, vous feriez quoi ?

A cet instant le vampire fit un drôle de tête. Son regard se brouillait. Ça lui évoquait quelque chose. Il se creusa le tête puis il résolut de se concentrer sur le moment présent.(p.279 à 281).

Au final et malgré quelques petites longueurs, L’Éternel reste une sympathique découverte. Efficacement écrit, il est drôle et déjanté un peu façon "Woody Allen".
Bien construit, ce roman est scindé en deux parties. La première se déroule dans les années 1917 et la seconde dans les années 2000.
Vous l'aurez compris, rien ne justifie que L’Éternel soit primé, pour autant, pas de méprise, ce livre mérite d'être lu.
 
Alors puisque c'est l'été voire les vacances, laissez-vous emporter par ce drôle de vampire yiddish.
Et qui sait,
L’Éternel sera peut-être adapté en BD... 

A bon entendeur,  bonne lecture !

mardi 7 juillet 2015

Mon avis sur "L’art d’écouter les battements de cœur" de Jan-Philipp Sendker

Plus qu'un roman, Jan-Philippe Sendker nous livre ici un véritable conte enchanteur. Et mon cœur fait Boum...

Orphelin originaire de Birmanie, Tin Win est un garçon hors du commun : il est capable de déchiffrer l'âme des gens en écoutant leurs battements de cœur. Grâce à ce don, il va connaître un amour immense, contrarié par bien des obstacles. C'est une histoire fabuleuse que va découvrir, des années plus tard, sa fille Julia, jeune avocate à New York. Déterminée à percer le mystère qui entoure le passé de son père disparu, Julia décide de se rendre en Birmanie. Elle va pénétrer dans un univers dont elle ne soupçonnait pas la richesse. Grâce à U Ba, un vieux Birman, elle apprendra que Tin possédait un don, celui de déchiffrer l’âme des gens en écoutant les battements de leur cœur. Elle découvrira également qu'il vouait un amour sans borne à Mi Mi, une jeune Birmane de Kalaw, son village natal. 

Elle vit son longyi tendu comme une petite tente autour de ses hanches et elle fut bouleversée - non par cette vision mais par son propre désir, par son souffle et par ses battements de cœur de plus en plus rapides et violents. Avec précaution, il retira sa main. Elle voulait qu'il continue et il l'attira à elle mais il posa sa tête sur la poitrine de la jeune fille et ne bougea plus. Il attendait. Le cœur de Mi Mi mit longtemps à se calmer.
   Ces battements provoquaient chez lui des frissons de respect et de vénération. Il ne devait jamais les considérer comme acquis. Le cœur était là, à quelques centimètres de son oreille. Il avait l'impression d'observer à la dérobée le giron du monde (p. 210).

L’art d’écouter les battements de cœur est plus qu'un simple roman. Jan-Philipp Sendker nous livre un conte qui enchante le lecteur. Un conte d'une force émotionnelle qui narre une histoire d’amour exceptionnelle, empreinte de spiritualité et qui nous transporte de New York City en plein cœur de la Birmanie.  
Comble du  bonheur, l'écriture de Jan-Philipp Sendker est délicate, poétique, sensuelle avec pour toute musique de fond les Boums des cœurs.

Aucun doute, L’art d’écouter les battements de cœur de Jan-Philipp Sendker est à découvrir. Il vous transportera et votre cœur fera Boum.

Bonne lecture !

samedi 4 juillet 2015

Mon avis sur "Une saison à Longbourn" de Jo Baker

Jane Austen, vous connaissez ? Orgueil et préjugés ça vous parle ? Alors, Une saison à Longbourn raisonnera, forcément. A défaut, ce livre vous donnera envie de découvrir l'univers So British de Jane Austen.
Avec Une saison à Longbourn
Jo Baker a voulu rendre hommage à Jane Austen de manière tout à fait originale, elle raconte l'histoire d'
Orgueil et préjugés, mais du point de vue des domestiques. Voici qui était risqué comme challenge !

Sur le domaine de Longbourn résident les Bennet et leurs cinq filles, en âge de se marier. A l'étage inférieur, les domestiques veillent.
Personnages fantomatiques dans l’œuvre de Jane Austen Orgueil et préjugés, ils deviennent ici les protagonistes du roman. Mrs Hill, l'intendante, orchestre la petite troupe -son époux, la juvénile Polly, Sarah, une jeune idéaliste qui rêve de s'extraire de sa condition, et le dernier arrivé, James- d'une main de fer. Tous vivent au rythme des exigences et des aventures de leurs patrons bien-aimés. Une fois dans la cuisine, les histoires qui leur sont propres émergent et c'est tout un microcosme qui s'anime, pendant qu'Elizabeth et Darcy tombent amoureux au-dessus.

Une saison à Longbourn nous plonge dans l'envers du décor, l'univers du petit personnel. Et parce que les domestiques tombent aussi amoureux, l'amour est forcément au rendez-vous. 
Sarah qui était de bien des façons une personne dotée de sens pratique, savait, depuis le début, qu'elle disposait de trop peu d'informations. Ce baiser avec Ptolemée, dans les brumes de l'alcool, était son seul repère. Elle n'en gardait pas une impression très agréable mais elle n'avait aucun moyen de savoir si cela tenait à ce baiser, aux baisers en général, ou à cet homme. Elle ignorait si ce qu'elle avait éprouvé, un léger tournis, sa vanité satisfaite, un certain malaise, au sujet de Tol Bingley, ressemblait à de l'amour ou à quoi que ce soit d'ailleurs. James était là maintenant, avec sa main sur son bras, et cette sensation, sa proximité, sa voix basse, urgente, tout cela semblait important et lui procurait un sentiment de bien-être. Elle sentit qu'elle se détendait, comme un chat se prélassant auprès d'un bon feu. Il n'y avait plus que l'instant présent, alors qu'elle se tenait à la frontière entre le monde qu'elle avait toujours connu et celui qui l'attendait ; si elle n'agissait pas maintenant, elle ne saurait jamais.
   Elle parvint à atteindre sa bouche d'un petit saut. Surpris, il chancela un peu. Les lèvres de Sarah étaient douces, chaudes, maladroites, alors qu'elle pressait son petit corps contre le sien. Il ne résista pas plus longtemps. Il glissa son bras autour de sa taille fine, l'attira vers lui et s’abandonna à ce baiser, à la chaleur de sa bouche, de son corps svelte. Elle sentit son souffle s'accélérer, se pressa contre lui, pleine d'un désir impatient, puis elle retomba sur ses talons et le cœur battant la chamade, elle s'appuya contre lui, bouleversée. (p.221 & 222)

Bien écrit, Jo Baker nous livre bien l'univers et la condition domestique à l'époque Victorienne. Pari réussi donc pour cette auteure qui colle à l'univers de Jane Austen. Le rythme est lent, mais les mots s'enchaînent et s'étirent en bouche, aucun doute les cuisines méritent le détour. 

Bonne lecture !

mercredi 1 juillet 2015

Envie de lire d'autres critiques que j'ai écrites ?

Parce qu'en dehors de mon statut de jurée du Prix des Lecteurs du Livre de Poche, je suis également rédactrice pour le site avisdupublic.net, que j'ai le privilège de voir en avant-première des films ou séries, de lire d'autres livres, vous pouvez retrouver toutes mes critiques ici, soit :


Mes critiques films :

  • Un incroyable talent est l’adaptation de l’histoire de Paul Potts, jeune ténor et vainqueur de la finale de l’émission Britain’s Got Talent.

  • Être est le premier long métrage de Fara Sene. Bien que le scénario était prometteur, au final, le film reste décevant.

  • Spy le dernier film de Paul Feig, avec Melissa McCarthy, Jude Law et Jason Statham. Un film hilarant mêlant action et comédie.

 

Mes critiques livres :

  • LOL est aussi un palindrome, ou comment donner la parole à des élèves d’un lycée d’une zone prioritaire d’éducation. Était-ce vraiment indispensable ? 

         A emporter sans hésiter sur la plage ou ailleurs. Bref à 
         mettre dans vos valises !
  • Elle marchait sur un fil, le dernier roman intimiste de Philippe Delerm. Loin d'être aussi mémorable que son magnifique recueil La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules.



N'hésitez pas à me faire part de votre ressenti sur ces quelques critiques.

Bonne lecture !