Catherine Poulain est ce genre de femme qui marque les esprits. Rencontrée l'hiver dernier à l'occasion du Salon du Livre à Paris, elle m'avait littéralement scotchée. Malgré une apparence frêle et fragile, c'est une vraie baroudeuse. Elle a commencé à voyager très jeune, a été, au gré de
ses voyages, employée dans une conserverie de poissons en Islande et
sur les chantiers navals aux U.S.A., travailleuse agricole au Canada,
barmaid à Hong-Kong, et a pêché pendant dix ans en Alaska. Installée entre les Alpes de Haute-Provence et le Médoc, elle est
aujourd'hui respectivement bergère et ouvrière viticole. Le Grand Marin, son premier roman lui ressemble. C'est un roman d'aventure, c'est son roman d'aventure.
Lili haute comme trois pommes a soif de liberté. Elle décide de mettre les voiles, de quitter l'ennui de Manosque-les-Plateaux pour rejoindre l’Alaska. Lili n'a qu'un rêve, pêcher. Ils riaient, se moquaient, la traitaient de folle. Mais Lili a traversé le grand pays, pour amarrer sur les îles de Kodiak tout en désirant rejoindre, un jour, Point Barrow. Même si elle n'a pas le sésame, la fameuse green card, Lili parviendra, le temps de la saison de la morue noire, à se faire adopter par un palangrier, "le Rebel". Lili embarquera pour plusieurs semaines. Seule femme à bord, elle devra travailler durement aux côtés d'hommes bourrus, limite autistes, qui ne s'expriment qu'en braillant, hurlant, qui n'auront aucune compassion pour cette carcasse de moineau, aucun remord à lui piquer sa couchette et à la laisser dormir à même le sol. Lili s’acharnera au travail malgré le froid, le vent, le sel, les blessures, l'épuisement. Rien ne démontera ce petit bout de
femme pugnace qui abat un travail titanesque, encaisse les épreuves avec courage. Parce qu'elle n'abdique jamais, Lili gagnera l'estime des hommes. Puis, la saison de la morue noire s'achèvera, Lili n'aura qu'une envie, reprendre la mer. Alors en attendant de se faire adopter par un autre équipage, d'aller pêcher le flétan, il y aura les bars. Non, pas les poissons, je veux parler de ceux que les pêcheurs écument une fois la terre ferme gagnée. Mais lasse de leurs beuveries, Lili préférera partir avec son grand marin avant de revenir pour de nouveau prendre le large.
Le grand marin paru en février dernier et a d'ores et déjà reçu pas moins de sept prix
littéraires. Il suffit de regarder la couverture pour s'en rendre compte. Finalement rien d'étonnant à cela, puisque dès les premières pages, portée par une
écriture précise et poétique, Catherine Poulain nous embarque dans l’atmosphère âpre et rude de l’Alaska, "the last Frontier". Nous sommes transportés dans cet univers marin et impitoyable pour celui qui est incapable de se dépasser, d'affronter les éléments, de surmonter sa solitude. Sans fioritures, ni emballage, c'est à partir de son expérience et de ses notes de voyage, que l'auteure relate une aventure à la fois physique et humaine. Elle nous livre le portrait de ces loups solitaires amoureux de la mer, au
caractère bien trempé qui mènent une vie rude, parfois
désespérée. Le grand marin est un
beau roman d'atmosphère. Inégal, j'ai préféré la première partie qui nous emporte vers un ailleurs que nous découvrons avec intérêt. La seconde partie est plus consacrée aux errements de ces marins qui, une fois débarqués, tournent en rond et nous avec.
Nonobstant, je reste persuadée que Catherine Poulain n'a pas fini de nous surprendre. C'est une auteure pleine de promesse à l'écriture juste et précise qui a tellement de carnets de notes, qu'elle a de quoi écrire au moins cinq livres. Vivement les prochains !
Nonobstant, je reste persuadée que Catherine Poulain n'a pas fini de nous surprendre. C'est une auteure pleine de promesse à l'écriture juste et précise qui a tellement de carnets de notes, qu'elle a de quoi écrire au moins cinq livres. Vivement les prochains !
Belle lecture à tou(te)s !
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