jeudi 12 septembre 2019

Mon avis sur "L'Américaine" de Catherine Bardon

Rappelez-vous, il y a quelques semaines, un souffle romanesque m'embarqua de Vienne à Sosùa en République dominicaine. C'était avec Les déracinés le premier opus de cette saga familiale. L'Américaine n'est autre que la suite du primo roman de Catherine Bardon. Inutile d'avoir lu le premier pour se plonger dans le second. Néanmoins au vu des nombreux analepses, il est tout de même conseiller de les découvrir dans l'ordre de leur publication.

Septembre 1961. Depuis le pont du bateau sur lequel elle a embarqué, Ruth tourne le dos à son île natale, la République dominicaine. 
En ligne de mire : New York, l’université, un stage au Times. Une nouvelle vie… Elle n’en doute pas, bientôt elle sera journaliste comme l’était son père, Wilhelm.
Ruth devient très vite une véritable New-Yorkaise et vit au rythme du rock, de l’amitié et des amours. Des bouleversements du temps aussi : l’assassinat de Kennedy, la marche pour les droits civiques, les frémissements de la contre culture, l’opposition de la jeunesse à la guerre du Viêt Nam…

Mais Ruth, qui a laissé derrière elle les siens dans un pays gangrené par la dictature où la guerre civile fait rage, s’interroge et se cherche. Qui est- elle vraiment ? Dominicaine, née de parents juifs autrichiens ? Américaine d’adoption ? Où va-t-elle construire sa vie, elle dont les parents ont dû tout fuir et réinventer leur existence ? Trouvera-t-elle la réponse en Israël où vit Svenja, sa marraine ?

Ecrire une suite après un premier roman qui plus est lorsqu'il a été très bien accueilli par les lecteurs, est un exercice difficile et particulièrement risqué. Catherine Bardon a su relever le défi. Bien que L'Américaine soit de mon point de vue un peu en deçà du premier opus, notamment parce qu'il est moins rythmé, moins romanesque, c'est avec plaisir que j'ai retrouvé ceux qui ont fait Les déracinésEntrelaçant encore une fois petite et grande histoire, explorant la question de l’exil et de la quête des racines, Catherine Bardon  nous livre à travers le parcours de Ruth une radiographie des États-Unis des années 1960, tout en poursuivant l'histoire d'Almah, de Frédérick, d'Aaron, Myriam, Svenja, Markus et les autres...

Si de prime abord les thèmes explorés par l'auteure semblent similaires d'un roman à l'autre, il convient de souligner que l'exil de Ruth aux Etats-Unis après le décès de son père est volontaire et qu'à aucun moment il ne s'impose à elle en raison de faits extérieurs. Si cette jeune femme tout juste sortie de l'adolescence ressent le besoin de rompre avec les siens c'est uniquement pour répondre à une question existentielle qui la taraude. Qui est-elle ?Née en République dominicaine de parents juifs autrichiens, parachutée à New York, Ruth est perdue. Est-elle juive, dominicaine, américaine ? S'exiler sera pour elle non seulement l'occasion de convoquer le passé de ses parents pour mieux le comprendre mais surtout pour trouver son identité. Mais si Ruth choisit de s'éloigner des siens, c'est également pour exister indépendamment de sa mère, cette femme flamboyante au destin si singulier, cette femme qu'elle a mis sur un piédestal.
Partir non pas pour fuir, mais partir pour se trouver, telle est la démarche de Ruth, telle est la thématique de L'Américaine.

Catherine Bardon a réussi ce pari fou mais pas impossible de convoquer le passé des parents pour aider la fille à mieux définir son futur. Elle fait du second opus, L'Américaine, un roman miroir du premier, Les déracinés. Bien qu'un peu moins exaltant, moins fouillé d'un point de vue historique L'Américaine reste un roman plaisant à lire. On y croise énormément de personnages, ceux qui ont fait Les déracinés mais également ceux qui ont fait l'Amérique tels Marilyn Monroe,  John Fitzgerald Kennedy, Martin Luter King, les hippies, les Rock Stars... 

Dans L'Américaine, petite et grande histoire se mêlent, s'emmêlent, s'entremêlent pour mieux dénouer celle d'une famille d'exilés qui finira par poser ses valises sur une parcelle de terre, un petit bout de paradis.

Belle lecture et pour ma part, j'adresse tous mes remerciements à la plateforme NetGalley et aux Éditions Les Escales.


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