lundi 21 août 2017

Mon avis sur "Survivre" de Frederika Amalia Finkelstein

Impossible au lendemain du double attentat de Barcelone de passer à côté du dernier roman de Frederika Amalia Finkelstein à paraître pour cette rentrée littéraire. Comment oublier, comment Survivre à de tels évènements ?
 
Ava a 25 ans. Elle vit à Paris. Un matin, elle prend le métro pour se rendre à l'Apple Store des Champs-Élysées, où elle travaille. Sur le quai du métro, des militaires patrouillent pour assurer la sécurité des voyageurs : ce climat sécuritaire l'angoisse. Elle repense aux attentats du 13 novembre. Elle est hantée par une photographie prise au soir du massacre au Bataclan, où gisent les corps de jeunes gens de son âge. Son rapport aux terroristes est ambigu. Elle n'arrive pas à éprouver de la haine à leur égard, certainement parce que, terroristes et victimes, tous, ou presque, sont de la même génération : la sienne. En arrivant sur son lieu de travail, Ava révèle qu'elle a été licenciée. Elle a du mal à accepter sa situation alors elle se promène. Elle passe devant le Bataclan, puis elle s'arrête dans un café. Sur les écrans de télévision, un attentat se déroule en direct. Ava est à la fois fascinée et blasée par le défilement des images sur la chaîne d'informations. Elle se met à penser à sa grand-mère, qui vient de mourir à Buenos Aires. Elle rêve qu'elle part pour l'Argentine, où son enterrement est en train d'avoir lieu...
 
Survivre est un roman percutant. A travers l'angoisse de son héroïne, Frederika Amalia Finkelstein traduit parfaitement l'état d'esprit dans lequel nous sommes post-attentats. En effet, depuis ce 13 novembre, soir du plus grand massacre en France depuis Oradour-sur-Glane, tout est possible. Bien que conscients de cette éventualité, l'auteure nous rappelle, s'il en était besoin, que nous vivons collectivement dans  la peur du prochain attentat. Forte de ce constat, Frederika Amalia Finkelstein s'est surtout focalisée sur sa génération, cette génération  née avec les écrans, ultraconnectée mais paradoxalement en proie à une immense solitude. C'est à travers son héroïne, qu'elle lui rend hommage. Elle souligne l'ambivalence de cette dernière à la fois auteure et cible des attentats, à la fois fascinée et apeurée par les images violentes et obscènes de ces massacres qui circulent en toute impunité sur tous les réseaux sociaux. Il souffle un vent morbide sur cette génération. La mort est d'ailleurs omniprésente tout au long de ce récit. Néanmoins et c'est là tout l'intérêt, Survivre résonne comme un exutoire à cette guerre d'un nouveau genre pour in fine, célébrer la vie.

L'écriture de Frederika Amalia Finkelstein est d'une justesse percutante qui donne une force inouïe à ce court récit qui ne peut laisser indifférent. Bien que la thématique abordée demeure tristement d'actualité, Survivre est à lire, ne serait-ce que pour collectivement, mesurer l'urgence qu'il y a à vivre et à ne surtout pas céder à la peur, ni sombrer.

J'adresse tous mes remerciements à  Babelio et  à la collection l'Arpenteur des Éditions Gallimard pour l'envoi en avant-première de ce roman de la rentrée littéraire dont nous entendrons parler.


Belle lecture !
 

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