mercredi 31 août 2016

Mon avis sur "Manta" de Yann Julien

Yann Julien se présente comme un auteur amateur qui n'a pas d'autre prétention littéraire que de faire passer un agréable moment au lecteur... C'est déjà beaucoup ! Ce qu'il ne dit pas c'est qu'il compte déjà quatre romans à son actif et est surtout sacrément courageux. Yann Julien n'est pas de ceux qui ont peur de soumettre leur travail aux lecteur(rice)s lambda. Je m'explique... 
Yann Julien fréquente sur Facebook le groupe des Mordus de thrillers, groupe que je fréquente également.  Il y a quelques jours, voici qu'il balance un message et qu'il propose à celles et ceux qui sont intéressés de lire son dernier roman. Yann Julien précisait qu'il n'attendait rien de nous, il voulait juste recueillir notre avis. Charmée par la démarche, ni une, ni deux, voici que je le contacte et lui demande de me faire parvenir son ebook. Quelques échanges de mails plus tard, me voici en possession de Manta.

Tout commence par un flash info. Une richissime veuve, Madeleine Douglas, vient de se faire cambrioler. Ayant formellement reconnu le malfaiteur, un portrait-robot a pu être dressé. C'est un des déménageurs qui est intervenu chez elle le jour même qui a commis le larcin. Enfin..., le butin s'élève à quatre millions d’euros. Blessé à la jambe, le suspect, Bruno, se retrouve à l’hôpital. Après son opération, il partage pour quelques heures seulement la chambre de Tim, un jeune geek qui n'est pas insensible aux charmes des infirmières... A peine ont-ils échangé quelques mots que Bruno n'est déjà plus de ce monde... Il semblerait qu'il ait été assassiné par un homme encapuchonné qui portait un blouson rouge sur lequel était cousu un blason représentant une raie manta... Les manta, un gang de petits voyous sans envergure. Se peut-il que cette organisation minable soit à l'origine du cambriolage ? De retour à son domicile, Tim va être malgré lui, mêlé à cette affaire. Bruno, est-il ce coupable que tout semble désigner ?

Manta est un roman d'action, qui, sans être d'une grande originalité, fait le job. Plus on avance dans sa lecture, plus le rythme s'accélère, les images défilent et l'envie de tourner les pages nous prend. Seul bémol, c'est que ce besoin n'intervient qu'à partir du moment où les personnages se retrouvent dans le centre de maintenance ferroviaire, soit à un peu plus des deux tiers du roman.  Avant, j'ai eu un peu de mal à rentrer dans l'histoire. Pourtant le début était prometteur. Ce qui m'a freiné, ce sont les dialogues. Ils sont, de mon point de vue, en décalage avec les personnages. J'aurai aimé un langage plus familier, plus cru,  moins littéraire. Les personnages s'expriment comme dans un livre (euh...)De ce fait, ils n’embarquent pas le lecteur tout simplement parce qu'ils perdent en crédibilitéAu début, j'ai eu l'impression de lire un scénario, très descriptif, moins dans l'action. Ce ressenti s'est fait oublier quand tout s'accélère, comme si d'un seul coup, les personnages se lâchaient... Hormis, le style qui m'a un peu perturbée dans la première partie, l'histoire bien que  classique, est crédible et la fin surprend le lecteur. De surcroît, Yann Julien a de l'humour et le dose plutôt bien. J'ai particulièrement apprécié le clin d’œil à Tintin lorsqu’un des personnages dit "Haut les mains" et qu'un autre ironise sur l'utilisation de cette expression quelque peu désuète.

Yann Julien a beau se définir comme un écrivain amateur, je parie qu'il ne le restera pas longtemps. Il maîtrise l'écriture, connaît toutes les recettes pour capter l'attention du lecteur, il ne lui manque pas grand chose pour que ses livres trônent sur les têtes de gondoles des librairies les plus fréquentées...

Pour conclure, je tiens à remercier Yann Julien pour sa démarche, sa gentillesse et j'espère que mes quelques mots l'encourageront  plus qu'ils ne le décourageront. 

Belle lecture !   

samedi 27 août 2016

Mon avis sur "La Fille du train" de Paula Hawkins

Parfois, à force de voir passer des wagons d'avis sur un roman de gare, on finit par céder et on se surprend à le lire... Étant une fille, de surcroît usagère du train, je n'ai pas résisté lorsque le fameux best-seller de Paula Hawkins, La fille du train, m'a sifflée.

La fille du train s'appelle Rachel. Elle habite en banlieue et pour se rendre sur son lieu de travail à Londres, elle prend le train. Le 8 h 04 le matin, le 17 h 56 l’après-midi. Chaque jour elle est assise à la même place et chaque jour elle observe, lors d’un arrêt, une jolie maison en contrebas de la voie ferrée. Cette maison, elle la connaît par cœur, elle a même donné un nom à ses occupants. Pour elle, ils sont Jason et Jess. Un couple qu’elle imagine parfait, heureux, comme Rachel a pu l’être par le passé avec son mari, avant qu’il ne la trompe, avant qu’il ne la quitte. Rien d’exceptionnel, non, juste un couple qui s’aime. Jusqu’à ce matin où Rachel voit un autre homme que Jason à la fenêtre. Que se passe-t-il ? Jess tromperait-elle son mari ? Rachel, bouleversée de voir ainsi son couple modèle risquer de se désintégrer comme le sien, décide d’en savoir plus sur Jess et Jason. Quelques jours plus tard, c’est avec stupeur qu’elle découvre la photo de Jess à la une des journaux. La jeune femme, de son vrai nom Megan Hipwell, a mystérieusement disparu… 

La fille du train n'est pas ce genre de polar TGV, comprenez qui Trace à Grande Vitesse. Non, c'est un thriller psychologique qui nous propose de déambuler lentement mais surement dans les couloirs du voyeurisme ordinaire d'une femme dépressive, alcoolique et paranoïaque pour nous mener jusqu'au cœur d'une intrigue. C'est donc à travers le mal-être de Rachel, perdue dans ses vapeurs d’alcool, mais également à travers les récits d'Anna et de Megan que Paula Hawkins nous propose de résoudre cette disparition. La fille du train c'est avant tout l'histoire de trois femmes, trois narratrices aux prises avec leurs démons dont les destins s'entrecroisent. Qui sont-elles réellement ? Pourquoi Rachel est-elle rentrée chez elle couverte de sang le soir de la disparition de Megan ? Ivre ce soir-là, sa mémoire se dérobe pourtant elle sait que quelque chose d’effrayant s’est produit... Rachel s'accroche à ses souvenirs comme à ses bouteilles et emmène dans ses déboires le lecteur nauséeux, titubant à force d'être bousculé par ces femmes.

A l'arrivée, La fille du train ne m'a pas transportée, le personnage de Rachel est certes bien travaillé, à tel point que c'est le cœur au bord des lèvres que j'avançais dans ma lecture, mais je dois avouer ne pas comprendre l'entrain qu'a suscité ce premier roman. J'ai trop ramer pour parvenir à bout de sa lecture. Certes, il a tout de même raflé le Prix du Meilleur Roman International lors du Festival Polar de Cognac 2015 et Steven Spielberg en a acheté les droits, mais il n'y a pas de quoi, de mon point de vue, en faire des wagons. Espérons que le film programmé pour le 26 octobre prochain avec Emily Blunt dans le rôle de Rachel, saura me faire oublier mes déboires.

D'ici là bonne lecture et en cadeau bonus, la bande-annonce de La fille du train.


jeudi 18 août 2016

Mon avis sur "Au revoir là-haut" de Pierre Lemaitre

Au revoir là-haut a remporté le prestigieux Prix Goncourt en 2013, rien de moins ! Ce qui est atypique, c'est que son auteur, Pierre Lemaitre, écrivain et scénariste vient du milieu du polar. Il en a écrit pas moins de cinq avant de se lancer dans cette œuvre historique dont le sujet est la Grande Guerre, plus précisément, l'après-guerre de ceux qui ont miraculeusement survécu aux horreurs des tranchées et qui tentent de réintégrer  une société civile qui ne sait comment réagir face au retour de ces soldats qui ont défendu leur Patrie.
 
Nous sommes en novembre 1918, à quelques jours de l'Armistice. Parce qu'il souhaite sortir glorieux de ce conflit et s'assurer quelques lauriers supplémentaires, le lieutenant Henry d'Aulnay-Pradelle décide de lancer une dernière offensive, celle de la cote 113. Pour motiver ses hommes, las de cette guerre qui n'a que trop duré, Pradelle n'hésitera pas à tuer deux d'entre eux d'une balle dans le dos et à imputer ce crime aux allemands. Témoin de cette mise en scène, Albert Maillard va être enterré vivant par Pradelle dans un cratère. Maillard se voit mourir, jusqu'à ce qu'il soit sauvé par un de ses camarades, Édouard Péricourt, juste avant qu'ils ne se fassent souffler par un obus. Les deux amis seront blessés mais vivants lorsque la fin de la guerre sera sifflée. Le retour à la vie civile s'annonce difficile. Édouard défiguré par le tir d'obus n'envisage pas de rentrer chez lui. Albert qui se sent redevable envers ce dernier décide de l'aider à changer d'identité en usurpant celle d'un poilu mort au combat. C'est donc ensemble que les rescapés tenteront de réintégrer tant bien que mal, la vie civile. Très vite, ils vont comprendre à leur dépends que leur pays ne peut rien pour eux. Désarmés, condamnés à l'exclusion, mais refusant de céder au découragement et à l'amertume, les deux hommes, que le destin a réunis, imaginent alors une escroquerie d'une audace inouïe et d'un cynisme absolu.
 
Avec Au revoir là-haut, Pierre Lemaitre nous livre une fresque teintée de malice et de noirceur en mettant en scène deux rescapés qui se retrouvent dans une France plus soucieuse d'honorer ses morts que de s'occuper de ses survivants. Il dénonce l'abandon des vétérans rentrés au pays sans rien si ce n'est qu'avec une vieille vareuse militaire reteinte à la hâte, la gueule abîmée, les mains tremblantes et accros à la morphine pour atténuer leurs souffrances. Il dénonce les petits arrangements et autres magouilles entre les bourgeois et autres parvenus du Paris du début du vingtième siècle qui ne pensent qu'à exploiter le fameux devoir de mémoire en utilisant leur statut social et leurs soutiens politiques dans le seul but de s'enrichir et de profiter de tous les avantages que leur statut leur procure. Deux mondes que tout oppose et pourtant qui vont se rejoindre autour d'une arnaque.
 
Au revoir là-haut est un grand roman que son auteur qualifie à juste titre de populaire. Un roman non pas de piètre qualité littéraire, loin de là, mais un roman écrit pour le plus grand nombre. L'écriture de Pierre Lemaitre est simple, sans être simpliste, le style est rythmé, efficace, impeccable. A n'en pas douter, c'est un auteur qui sait conter. Il a le sens de l'humour et de la tragédie, il fait la part belle à l'action, au rebondissement, en n'oubliant jamais pour autant de soigner la psychologie et la restitution de l'époque. Ce roman est digne des grands auteurs à tel point que l'on a l'impression de lire du Balzac, du  Zola, du Dumas, du Hugo. Au revoir là-haut c'est un peu tous ces auteurs à la fois...

Alors si vous avez aimé La chambre des officiers de Marc Dugain, Les âmes grises de Philippe Claudel, vous devez absolument lire Au revoir là-haut avant d'aller le voir au cinéma puisque ce roman a été adapté par Albert Dupontel. Et si d'aventure il était besoin de vous réconcilier avec le Goncourt, je ne peux que vous inciter davantage. Pierre Lemaitre a bien fait de faire des infidélités au genre polar, il a réussi à faire rimer littérature populaire avec littérature tout court, pour notre plus grand plaisir. Et pour ma part, je m'en vais découvrir les polars de Pierre Lemaitre.

Belle lecture à tou(te)s !


vendredi 5 août 2016

Mon avis sur "La cour des grandes" d'Adèle Bréau

Rappelez-vous, il y a quelques semaines je découvrais Adèle Bréau et son second roman, Le jeu des garçons. Je voulais lire le premier opus, La cour des grandes, et bien voilà qui est fait. Et vous savez quoi ? C'est toujours aussi bon !

Elles sont quatre : Mathilde, Alice, Lucie Éva et leur vie est un roman. Quatre parisiennes qui se sont rencontrées dans la cour d'école et sont devenues des femmes. Elles ont la quarantaine ou s'en approchent, certaines sont mariées, d'autres séparées, elles sont maman, fondamentalement indépendantes et tentent de trouver un équilibre entre leur vie privée et professionnelle. Ces femmes modernes nous font partager leurs joies, leurs doutes, leurs déceptions, leurs envies, leurs folies. On partage leur quotidien au gré des saisons. Mathilde est une working mum qui régente sa vie et celle de sa famille à grand coup de to do list. Mariée à Max, sa vie amoureuse est sur le point de chavirer. Alice, délaissée par le père de sa fille en pleine crise de la quarantaine, a perdu toute confiance en elle. Heureusement, sa passion pour la cuisine et son job de seconde de brigade dans un restaurant étoilé lui permettront de reprendre le dessus. Lucie, maman de trois enfants est mariée à un riche entrepreneur. Bien lotie, une nounou à temps plein, elle dirige sa boutique de vêtements pour enfants à la mode tout en s'interrogeant sur le sens de la vie. Eva, journaliste, rédige des news people et est obsédée par sa maternité qui tarde à arriver malgré les traitements. Quatre amies, quatre parcours, quatre destins différents, mais toutes rattrapées par la crise de la quarantaine. L'heure du premier bilan a sonné. 

La cour des grandes est un roman résolument moderne qui évoque avec la situation des femmes qui ont choisi de ne pas choisir justement. S'épanouir tant personnellement que professionnellement, tel est le crédo de ces héroïnes. Certaines y parviennent avec plus ou moins de facilités, d'autres peinent à trouver leur place au sein de la société, au sein de leur famille. Elles doutent, s'interrogent, elles sont tiraillées entre leur volonté de tout concilier et la poursuite de leur bonheur. Tantôt agaçantes, tantôt craquantes, ces femmes sont toutes terriblement touchantes.

Bref La cour des grandes c'est notre vie à nous les nanas. Alors forcément on s’identifie aux personnages, aux situations, même si parfois on est un peu dans la caricature. De plus, le ton d'Adèle Bréau est résolument moderne. Elle a un côté Sex and the City ou Desperate Housewives qui est très sympathique. Son écriture est fluide, rythmée. La cour des grandes est un feel good book qui nous offre un bon moment détente et qui nous permet de respirer entre les sempiternelles questions, "Maman, qu'est-ce qu'on mange ce soir ?" "Chérie, tu sais où est le truc que j'ai même pas cherché, tu l'a mis où encore ?".

Enfin, la vraie originalité c'est d'avoir écrit la même histoire côté filles, puis côté garçons, sans pour autant avoir l'impression d'avoir lu deux fois le même livre. Une vraie performance, si bien que l'on peut les lire dans l'ordre que l'on veut. Et pour ma part, je vais vite me procurer le tome 3, Les devoirs de vacances. Ça tombe bien, j'y suis en vacances !

Alors pour ce très bon moment lecture en compagnie de toutes ces femmes, un grand merci aux Éditions Le Livre de Poche !

Belle lecture à tou(te)s !