jeudi 31 décembre 2015

2015 Le Livre de Poche, 2016 les Editions Points


En 2015 j'ai été membre du jury du Prix des Lecteurs dans la catégorie Littérature pour Le Livre de poche, en 2016 je continue l'expérience avec Les Éditions Points.  

 

Le jury du Prix du Meilleur Roman des lecteurs des Éditions Points est composé de 40 lecteur(rice)s et de 20 libraires. Pour 2016, ce prix est placé sous la présidence de l'écrivain Philippe Delerm.




Voici la sélection des quatre premiers romans :
1. Retour à Little Wing, de Nicolas Butler,
2. La vie amoureuse de Nathaniel P. d'Adèle Waldman,
3. Les réputations de Juan Gabriel Vasquez,
4. Passent les heures, de Justin Gakuto Go.

Autrement dit, 2016 sera pour moi encore une année placée sous le signe de la lecture et de la découverte d'auteur(e)s. Encore de beaux moments de lecture et de partage bien sûr !

Belle lecture en attendant que 2016 arrive... 

dimanche 27 décembre 2015

Mon avis sur "Les quatre saisons de l'été" de Grégoire Delacourt

L'été évoque les vacances, le bord de mer, l'amour. Et si je vous dis 14 juillet, vous pensez évidemment feu d'artifice et bal des pompiers. Et bien Les quatre saisons de l'été c'est exactement cela. Ce sont des histoires d'amour que Grégoire Delacourt a choisi de nous susurrer au creux de l'oreille. Les quatre saisons de l'été ce sont quatre visages de l'amour, quatre couples à quatre âges de la vie. Même lieu, même temps. Les histoires se déroulent toutes au Touquet durant le dernier 14 juillet du siècle. Cet été-là, l'été 1999, Francis Cabrel chantait Hors saison

La saison s'ouvre avec Louis, adolescent solitaire et romantique de 15 ans, passionnément épris de Victoire, 13 ans. Son amour n’est malheureusement pas partagé. Mais Louis a appris de sa mère que les chagrins d'amour sont aussi une forme d'amour.
Isabelle, 35 ans est maman d'un petit garçon de 9 ans. Un jour son mari s'est levé, lui a souri et lui a dit que c'était fini. Il s'est dirigé vers la porte, est parti sans rien emporter, sans se retourner. Elle ne l'a plus jamais revu. Amputée d'un corps, Isabelle a enterré les années passées avec son mari dans un cercueil vide. Plus tard, elle a noyé sa peine dans les bras des hommes. Et son chagrin des hommes a commencé là. En sauvant un vieil homme de la noyade, Isabelle a retrouvé aux urgences son amour d'enfance. Mais on ne doit pas redonner vie à nos amours d'enfance. On doit les laisser là où elles sont : dans l'obscurité confortable des souvenirs. Isabelle l'apprendra à ses dépens.
Monique 55 ans est mariée à Richard. Ils ont eu trois garçons ensemble. Mais après des années de joyeuses cacophonies, ils se retrouvent dans un insupportable silence. Le soir elle montait tôt, lui le soir, il lisait tard. Monique décide alors de quitter le domicile conjugal pour refaire sa vie. Elle abandonnera tout y compris son prénom. Au Touquet elle décide de devenir Louise. Sur la plage cet été-là elle rencontrera un homme merveilleux, son homme.
Les quatre saisons de l'été s'achèvent avec Pierre et Rose. Ils forment un couple attendrissant. Ils s'aiment depuis plus de 50 ans. Mais âgés et menacés par la maladie, ils décident de se suicider ensemble par amour pour échapper aux ravages du temps. C'est au Touquet qu'ils échoueront. 

Quatre âges de la vie, quatre saisons, quatre façons différentes d'appréhender l'amour. Grégoire Delacourt nous livre ici quatre récits qui s'entremêlent délicatement.  Les sentiments sont décrits avec magnificence, justesse et finesse.  Éminemment mélancolique et nostalgique, ce roman est rempli d'espoir. Une fois de plus, Grégoire Delacourt nous régale de sa plume sensible, délicate et poétique. Parce que l'amour n'a pas de saison, Les quatre saisons de l'été est à découvrir tout au long de l'année. Alors n'hésitez plus,  plongez !

Belle lecture !

samedi 26 décembre 2015

Mon avis sur "Une putain d'histoire" de Bernard Minier

Depuis 2011 et la parution de son premier roman Glacé Bernard Minier vit une putain d'aventure. De l’administration des douanes au grand bain de l’écriture, il n'y avait qu'un pas que Bernard Minier a franchi avec succès. Ses romans et surtout son héros, le commandant Servaz, sont toujours très attendus. Mais pour ce quatrième roman, exit le commandant Servaz et les Pyrénées. Une putain d'histoire est un hommage au thriller américain. Il nous faut donc traverser l'Atlantique, direction Glass Island, une petite île de l'état de Washington, entre Seattle et Vancouver, tout au nord-ouest des États-Unis.

Henry, seize ans, aime les livres, les films d'horreur, les orques et Nirvana. Henry est un ado comme les autres. Après avoir beaucoup voyagé, déménagé, il vit depuis sept ans sur Glass Island qui une fois les touristes repartis, retrouve son calme, sa promiscuité. Sur l’île battue par les flots, tout le monde connaît tout le monde, personne n'a de secrets ou alors ils sont bien enfouis...  Henry vit avec ses deux mamans adoptives.  Il a sa bande de copains et une petite amie, Naomi. Entre eux c'était pour la vie et leur mantra était JMNS : Jusqu'à ce que la Mort Nous Sépare. Et justement, la mort va les séparer. Après s'être disputé avec elle, sur le ferry les ramenant de l'école, Henry n'aura plus de nouvelles de Naomi. Et pour cause, le lendemain son corps sera découvert  sur une plage de l'île. Évidemment,  Henry a le profil du suspect idéal. Tout l'accuse même les réseaux sociaux. Prêt à tout pour prouver son innocence, l'adolescent va mener l'enquête avec ses copains. Parallèlement, un homme politique en passe d'être élu gouverneur va s’intéresser à lui. Voilà pour le décor et l'ambiance.
Sous fond d'écoutes, de nouvelles technologies, de vent, de pluie, de tempête, peu à peu les secrets des uns et des autres vont se révéler, l'angoisse va monter crescendo.

Une putain d'histoire est un putain de thriller ! C'est un roman vraiment abouti. On y retrouve l'ambiance de Glacé, notamment parce que les personnages sont confinés dans un lieu isolé au climat hostile. Comme toujours avec Bernard Minier,  les personnages sont particulièrement léchés, donc totalement crédibles. Internet et ses travers est un des thèmes centraux d'Une putain d'histoire, décrit comme un outil de contrôle glaçant, une intrusion grandissante dans nos vies. Quant à l'intrigue, elle est tout bonnement magistrale et nous tient en haleine jusqu'à la dernière page.
Au commencement est la peur.
La peur de se noyer.
La peur des autres, ceux qui me détestent, ceux qui veulent ma peau.
Autant vous le dire tout de suite : Ce n’est pas une histoire banale. Ça non. c’est une putain d’histoire. Ouais, une putain d’histoire…
Une putain d'histoire a reçu en octobre dernier le prix du meilleur roman francophone au festival de Cognac. Une putain de trajectoire pour cet auteur qui a été primé deux fois à Cognac, du jamais vu. Chapeau bas Monsieur Minier !  

2016 devrait connaître le retour de Servaz, d'Hirtmann et de Gustav Mahler. Je les attends  avec impatience.

D'ici là, bonne putain de lecture !

mardi 22 décembre 2015

Mon avis sur "Miettes de sang" de Claire Favan

Miettes de sang est le quatrième thriller de Claire Favan. Quatre romans, quatre succès, de quoi en énerver plus d'un(e) ! De plus, et parce qu'elle travaille dans la finance, Claire Favan n'écrit que sur son temps de loisir, de quoi mettre un peu plus la pression...
Le tueur intime, son premier thriller a reçu le Prix VSD du Polar 2010 ainsi que le Prix Sang pour Sang Polar en 2011. Le tueur de l'ombre,  son second roman n'est autre que la suite de son roman précédent. Tous deux sont à tomber.  Ils sont à tomber parce que Claire Favan a une patte bien à elle. En effet, elle sait tenir le lecteur en haleine, jouer avec ses nerfs et j'avoue que ça fonctionne à merveille. On se surprend même à fermer les yeux tellement l'angoisse est présente. Ça c'était avant... Car Claire Favan sait se renouveler, ce qui est une qualité. J'ai eu l'occasion de le constater avec Apnée noire et de nouveau avec Miettes de sang. Un seul point commun entre tous ses thrillers, ses personnages trimballent toujours un sacré pathos et leur profil psychologique est toujours très léché.
Le lieutenant Dany Myers est officier de police dans une petite ville du Midwest américain. Son père y était commissaire. Lorsqu’il a brutalement disparu, Dany a tout naturellement voulu prendre la relève. Mais cet « héritage » est encombrant et il est mal perçu de ses supérieurs. On lui confie plutôt les tâches subalternes et ses collègues gardent leurs distances.
Sa vie sentimentale n’est pas non plus une réussite, longue suite d’échecs et d’occasions manquées. C’est un homme seul et pessimiste. Jusqu’à ce qu’il soit, par hasard, confronté à un bien étrange suicide que ses supérieurs veulent classer à tout prix et au plus vite. Mais Dany a un défaut, il est têtu…

Dany est tout sauf un héros. A 34 ans il vit encore chez sa mère qui lui loue un studio au-dessus du garage. La mère de Dany est une femme castratrice, autoritaire, qui passe son temps à le rabrouer avec sécheresse. Elle dirige sa vie, toute sa vie y compris sa vie sentimentale. Au bureau, Dany n'est pas mieux considéré. Il est la risée de ses collègues qui lui réservent exclusivement les sales besognes. Dany est un benêt rejeté et méprisé de tous.
Et au milieu de cette équipe, il y a Dany, le parachuté. Ben se demande un instant comment cette raclure de fond de chiotte a pu atteindre le grade de lieutenant alors que lui a dû cravacher pour l'obtenir. La simple vue de ce type mou et sans caractère le révulse. 
Dany a beau être un tantinet naïf, il ne croit pas aux suicides en série que connaît Poplar bluff. Obtus il va mener l'enquête seul et contre tous. Il fera de macabres découvertes et découvrira que ses collègues sont loin d'être irréprochables...

Au gré des pages,
Claire Favan sème ses Miettes de sang dont  nous nous délectons, tel un vampire. La tension monte crescendo, jusqu'à la dernière page. Si au gré des chapitres, nous devinons l'issue de l'enquête, il n'en demeure pas moins que la fin est inattendue. Et côté écriture c'est fluide, rythmé, poisseux parfois. En un mot : efficace.
Même si j'ai une préférence pour ses deux premiers livres, le  quatrième roman de Claire Favan
se dévore. Encore une belle réussite pour elle et un bon moment de lecture pour nous.

Bonne lecture !

lundi 21 décembre 2015

Mon avis sur "Je suis Pilgrim" de Terry Hayes

Je suis Pilgrim est le grand vainqueur du Prix des Lecteurs 2015  du Livre de Poche dans la catégorie Polar. A en croire les critiques, c'était le polar à ne surtout pas rater, du genre, si tu n'as pas lu Pilgrim, tu as raté ta vie ! Alors, faible lectrice que je suis, je n'ai pas su résister... Et grand bien m'a pris !

Je suis Pilgrim est un roman d’espionnage exceptionnel. 906 pages et pas une seule ne m'a ennuyée ! Il faut dire que Terry Hayes est scénariste alors forcément ça aide. Certes, mais Je suis Pilgrim est son premier roman. Respect ! Je suis Pilgrim est intelligemment construit. L'auteur consacre la moitié de son roman à nous planter le décor et la psychologie des personnages. Un véritable coup de maître !
Je suis Pilgrim commence avec une jeune femme assassinée dans un hôtel sinistre de Manhattan. Un père est décapité en public sous le soleil cuisant d’Arabie Saoudite. Un chercheur est torturé devant un laboratoire syrien ultra-secret. En Turquie, un jeune homme milliardaire meurt accidentellement, du moins en apparence. Pendant ce temps, le Sarrasin, un islamiste anonyme et solitaire, prépare sa vengeance : un effroyable crime contre l'humanité. Et en fil rouge, reliant ces événements, un homme répondant au nom de Pilgrim. Pilgrim est le nom de code d’un individu qui n’existe pas officiellement. Il a autrefois dirigé une unité d’élite des services secrets américains. Avant de se retirer dans l’anonymat le plus total, Peter Campbell a écrit le livre de référence sur la criminologie et la médecine légale sous le pseudonyme de Jude Garrett. Mais son passé d’agent secret va bientôt le rattraper et il va devoir renoncer temporairement à sa retraite pour reprendre du service. Peter part traquer le sarrasin assisté de Ben Bradley, flic et héros modeste du 11 septembre. Je suis Pilgrim nous emmène de New York à Paris, en passant par Bodrum, l'Italie, l'Arabie Saoudite, dans les montagnes d'Afghanistan et en Syrie. On voyage à un rythme très très soutenu, au rythme de la traque.

Je suis Pilgrim n'est pas seulement un bon thriller, c'est aussi un bon roman d'aventure sans aucun temps mort. Je suis Pilgrim fonctionne parce que Terry Hayes met en scène non pas des supers héros qui font tomber toutes les femmes, d'ailleurs il n'y en a pas qui gravitent autour de Pilgrim, mais de bons professionnels. De surcroît, Je suis Pilgrim fonctionne parce que l'auteur décrit parfaitement le contexte géopolitique et prend le temps de nous dévoiler la psychologie de ses personnages. Il nous démontre avec empathie qu'on ne naît pas terroriste, on le devient. Terry Hayes nous dévoile ce qui a amené un petit garçon sur le chemin du djihad. Un récit passionnant, bien que tristement d'actualité. 

Je suis Pilgrim résonne à Je suis Charlie ou plus dernièrement Je suis Paris. Il nous reste à espérer que quelque part dans le monde  Je suis Pilgrim existe. En attendant de le savoir, et avant de découvrir Je suis Pilgrim sur votre toile préférée (ce roman est en cours d'adaptation au cinéma), je ne peux que vous encourager à lire voire, à offrir Je suis Pilgrim. Un très bon thriller à ne pas rater.

Bonne lecture !