vendredi 18 septembre 2015

Et voici, les lauréats du Prix des lecteurs 2015 du Livre de Poche

Hier soir, Le Livre de Poche a réuni des auteurs, des libraires, des journalistes, des éditeurs et les membres du jury du Prix des lecteurs 2015 dans le splendide hôtel Potocki à Paris, pour la remise des prix aux heureux élus.

Dans la catégorie Polar, c'est Je suis Pilgrim de Terry Hayes qui a a été primé. Il paraît que s'il n'y avait qu'un polar à lire cette année, ce serait celui-ci. Qu'à cela ne tienne, je vais le lire.

Dans la catégorie Littérature, ce sont deux romans qui ont, ex æquo, remporté le prix :  Évidemment, l'excellent Le quatrième mur de Sorj Chalandon. Il a également reçu le prix Choix des Libraires 2015. Et le second roman, est justement le premier roman de M.L. Stedman, Une vie entre deux océans.

Vous retrouverez mes avis sur ces deux romans, ici : Le quatrième mur et Une vie entre deux océans.

Hier soir, parmi les trois lauréats, seul Sorj Chalandon assistait à la soirée. Terry Hayes et M.L. Stedman étant australiens, ils n'ont pas fait le déplacement et on les comprend. Outre la nationalité, ces auteurs ont un autre point commun, leur roman est en cours d'adaptation au cinéma. A suivre, donc...

Sorj Chalandon s'est bien sûr exprimé. C'est un écrivain très humble et d'une grande humanité. Il s'est dit très touché de recevoir le Prix des lecteurs, car selon lui, il n'y a pas plus belle récompense que celle des lecteurs. "C'est le bonheur !" a-t-il dit.

Ayant voté pour Sorj Chalandon, je m'étais bien évidemment rendue à cette soirée avec mon exemplaire de son quatrième mur avec le secret espoir de pouvoir me le faire dédicacer. Et parce qu'il est tout à fait accessible et s'est rendu disponible, j'ai pu non seulement obtenir ma dédicace, mais également avoir un échange très sympathique avec lui. Je l'en remercie très  chaleureusement.
 
Mon aventure  en tant que jurée du Prix des lecteurs 2015, s'achève donc sur cette
gentille dédicace. Encore merci pour tout au Livre de Poche. Et si une page se tourne, je poursuis l'aventure avec cette maison d'édition, non pas en tant que jurée, mais en tant que bloggeuse :-)

Encore de beaux moments de lecture en perspective !

mercredi 16 septembre 2015

Mon avis sur "Petites scènes capitales" de Sylvie Germain


Sylvie Germain est une femme lettrée, c'est le moins que l'on puisse dire ! Après des études de philosophie et quelques voyages notamment dans les pays de l'Est, elle s'adonne à l'écriture. Ses œuvres plaisent. Pour preuve, voici trente ans, que Sylvie Germain collectionne les succès et les prix. Le Femina pour Jours de colère, le Grand prix Jean Giono pour Tobie des marais, le Goncourt des lycéens pour Magnus. Et cadeau Bonux, en 2012 elle a reçu le Grand Prix de la Société des Gens de Lettres pour l'ensemble de son œuvre. Inutile de préciser qu'avec un tel pedigree, lorsque Le Livre de Poche m'a proposée d'écrire une chronique sur un livre de mon choix parmi la sélection du mois de Septembre, sans hésitation, j'ai choisi Petites scènes capitales. J'avoue ne pas avoir regretté mon choix. 

Petites scènes capitales, c'est quarante-neuf tableaux de la vie de Lili, diminutif de Liliane, de son vrai prénom Barbara. Lili est née après guerre. C'est une petite fille ordinaire, ni belle ni laide, ni docile ni rebelle, gratifiée d'aucun don spécifique, de celles dont on n'a rien à dire de particulier que l'on remarque à peine. Si Lili est une petite fille ordinaire, sa vie est loin de l'être.  Elle est ponctuée d'épreuves et de deuils. Tout commence avec sa mère. Cette femme qui n'a ressenti aucun amour maternel lorsqu'elle l'a mise au monde, mais plutôt une répulsion maternelle et qui finalement l'a abandonnée. Comment se construire sans mère, en ignorant tout de sa génitrice, jusqu'à son visage ? Heureusement, Lili a son père. Ce père qui un jour va congédier leur solitude à deux et se remarier avec une femme flanquée de trois filles, dont des jumelles et un fils. Lili apprendra à vivre avec sa famille recomposée, s'y attachera. Tout était réuni pour que Lili soit heureuse, que ses angoisses s'apaisent, jusqu'au jour où l'une des jumelles mourra parce que leur mère aura voulu immortaliser leur bonheur et prendre les filles en photo. De nouveau, le monde de Lili s'effondre, mais jamais Lili, elle, ne s'effondrera. 

"J'aspirais à une tranquillité, elle, à une existence plus bohème. La vie de couple ne lui convenait plus. Nous avons pensé qu'un enfant nous rapprocherait. C'est le contraire qui s'est produit. Aucun amour maternel ne lui est venu, plutôt, comment dire ?... une répulsion maternelle... - Une répulsion! " Ce mot, dans sa violence, la consterne.
De la répugnance, voilà donc tout ce qu'elle a su inspirer à sa mère, d'entrée de jeu. Ce n'est plus une sensation de nausée qu'elle éprouve à cette table délicatement dressée, avec sa nappe blanche, sa vaisselle raffinée et son bouquet de fleurs, mais une brûlure intérieure ; le mot "répulsion" lui fait l'effet d'une coulée d'acide dans l’œsophage.

Quarante-neuf tableaux pour finalement dépeindre la vie de Lili qui n'est qu’alternance de bonheurs et de tragédies, de questionnements, de quêtes d'amour, le tout magnifiquement ciselé sous la plume délicate, à la fois profonde et légère de Sylvie Germain. 
Petites scènes capitales n'est ni vraiment triste, ni vraiment gai, c'est tout simplement beau. Du grand art !

Bonne lecture & encore merci au Livre de Poche !



lundi 14 septembre 2015

Et voici la sélection finale du Prix des lecteurs 2015 du Livre de Poche

Mon aventure dans le cadre du Prix des lecteurs du Livre de Poche dans la catégorie Littérature touche à sa fin. Et oui, Jeudi 17 septembre, se tiendra la soirée de remise du prix. Alors en attendant de connaître l'heureux élu qui sera primé, voici les sept romans finalistes : 
  1.  "Le quatrième mur" de Sorj Chalandon,
  2.  "Une vie entre deux océans" de M.L. Stedman,
  3.  "L'empreinte de toute chose" d'Elizabeth Gilbert,
  4.  "L'empereur, c'est moi" d'Hugo Horiot,
  5.  "L'art d'écouter les battements de coeur" de Jean-Philip 
      Sendker,
  6.  "Traîne-savane" de Guillaume Jan,
  7.  "Les enfants du jacaranda" de Sahar Delijani
Vous pouvez retrouver la sélection et un résumé de chaque roman  ici

Nous avions jusqu'au 6 septembre pour voter. Ce que je peux vous dire, c'est que mon choix n'a finalement pas été difficile. Considérant qu'un livre recevant un prix littéraire doit avant tout être bien écrit, il était évident pour moi que Le quatrième mur est incontestablement le roman qui répond à tous les critères d'un prix littéraire. Sorj Chalandon a une plume. Il écrit superbement bien. Il a un style. De surcroît, il tient là un sujet original. L'idée de Sam était belle et folle : monter l'Antigone de Jean Anouilh à Beyrouth en plein conflit. Voler deux heures à cette guerre en prélevant dans chaque camp un fils ou une fille pour en faire des acteurs, puis rassembler ces ennemis sur une scène de fortune, proposer une trêve poétique et culturelle dans un monde à feu et à sang, voici qui est vraiment original !

Profondément humaniste, magnifique et désespéré, Le quatrième mur est le récit d'une utopie et une ode à la fraternité. Pour autant, l'auteur ne nous épargne pas la réalité de la guerre, les traumatismes des bombardements, les corps et les âmes déchiquetés. Il dégaine les mots comme d'autres les balles et leur puissance nous fait vaciller. On ne sort pas indemne de la lecture de ce livre qui une fois terminé, ne peut être oublié. A lire, relire et à faire lire... Et surtout, à primer ! 

Rendez-vous dès vendredi pour les résultats.
D'ici là, bonne lecture !


dimanche 13 septembre 2015

Mon avis sur "Les collines d'eucalyptus" de Duong Thu Huong

Duong Thu Huong est une romancière et dissidente politique vietnamienne. Elle a participé dans les années 1980 à la renaissance littéraire de son pays natal, s'est opposée au parti communisme en dénonçant les abus de pouvoir et s'est battue pour l'instauration de la démocratie. Ses combats lui auront valu des pressions, huit mois d'emprisonnement et quelques autres ennuis. Si elle pu être libérée, c'est grâce à la mobilisation de la France et des États-Unis qui appréciaient outre la femme, son talent. Assignée à résidence, ce n'est qu'en 2006 qu'elle s'installera en France.
Lorsque cette femme
d'engagement au parcours de vie exceptionnel publie un roman, c'est toujours un évènement. Je dois bien avouer que lorsque j'ai découvert la sélection du mois d'Août du Prix des lecteurs du Livre de Poche, j'ai de suite su que mon vote lui serait acquis et j'espérais qu'elle ferait partie de la sélection finale. Malheureusement, la majorité du jury en a décidé autrement. Peu importe, voici une auteure et un livre à découvrir.

Les collines d’eucalyptus est le dernier roman de Duong Thu Huong. Il a été publié en 2013. 
Ce roman est inspiré d'une histoire vraie. La disparition au Vietnam, en 1987, d'un jeune homme promis à un brillant avenir. Ses parents appellent au secours leur cousine, Duong Thu Huong, en espérant que ses connaissances dans le milieu politique et policier pourront les aider à retrouver leur fils. Mais les recherches resteront vaines. Marquée par ce drame Duong Thu Huong a imaginé à travers deux romans, les raisons de la disparition de ce jeune homme de 16 ans. Dans Sanctuaire du cœur (2011) elle supposait qu'il fuyait un amour incestueux avec sa sœur adoptive et devenait gigolo. Dans  Les Collines d'eucalyptus,  il fuit parce qu'il lui est insoutenable d'avouer son homosexualité à ses parents et qu'il veut leur épargner la honte et le déshonneur.

Thanh, jeune homme sans histoire, excellent élève et fils modèle, est homosexuel. Son destin va basculer. Il va tomber sous la coupe d'un mauvais garçon, Phu Vuong. Thanh va fuir sa famille et sa ville natale après avoir volé les économies de sa mère qu'il adore. Avec son amant oisif, voleur, manipulateur, il partira à Dalat dans le sud du Vietnam. Ils vivront de petits jobs, le temps d'obtenir leurs papiers. Malgré les excès de son compagnon et ses mauvais comportements,  Thanh ne trouvera pas la force de s'en défaire. Il se sentira désespérément seul. Il ne parviendra pas à se confier, même pas à Tiên Lai, un homme délicat et propriétaire du salon de coiffure le plus huppé de Dalat. A cause des agissements de Phu Vuong, Thanh devra de nouveau fuir. Destination Saigon, où il pourra trouver refuge dans l'anonymat de la métropole, du moins c'est ce qu'il pense. Il se délestera enfin de son boulet de compagnon, mais le recroisera. A Saigon, Thanh rencontrera Hai.  Ensemble, ils ouvriront un salon de coiffure. Mais le destin de Thanh le conduira ailleurs, là où la liberté n'est plus. Thanh a été condamné aux travaux forcés. Est-ce là qu'il finira sa vie ? Ce que je peux vous dire c'est ici que commence Les Collines d'eucalyptus.

Des lambeaux de brouillard stagnent encore au-delà de la faille rocheuse, alors que les premiers rayons du soleil effleurent déjà la cime des arbres de ce côté-ci. Soudain, tel un filet de fumée, la brume monte au ciel et se fond dans les nuages, les métamorphosant en gigantesques boules de coton. Le paysage se transforme, fantastique. La nature semble une vaste scène de théâtre qu'envahiraient les fumées et la neige artificielle produites par des engins modernes.
Ce n'est pas un théâtre, c'est le bagne, pense Thanh, amer.

Fanny Taillandier de Livres Hebdo a écrit à propos de ce livre "C'est une des forces de ce roman que de célébrer la poésie du monde à chaque page et au milieu de chaque drame". Les collines d'eucalyptus -comme tous les romans de Duong Thu Huong- c'est exactement cela. 
Dès les premières lignes, le temps s'arrête. Nous voici transportés ailleurs, au cœur du Vietnam avec son régime, ses mœurs, ses tabous, ses odeurs, sa culture, à la poursuite du destin de Thanh.
La plume 
de Duong Thu Huong est toujours aussi gracieuse, sensible, alerte et précise. Ses propos sont engagés, intelligents, profondément humains. On enchaîne sans s'en rendre compte, les pages les unes après les autres et les heures de lecture.
Alors si vous ne connaissez pas encore cette auteure, je ne peux que vous conseiller de vous procurer ses livres, bonheur assuré. Et promis si Duong Thu Huong est conviée à la soirée de remise du Prix des lecteurs qui se tiendra dans quelques jours, j'irai lui dire mon admiration et ô combien j'aurai aimé qu'elle remporte ce prix, parce que dans ses oeuvres, c'est bien de littérature qu'il s'agit !

Bonne lecture !


lundi 7 septembre 2015

Mons avis sur "Les enfants du jacaranda" de Sahar Delijani

Le jacaranda, vous connaissez ? C'est un magnifique arbre originaire d'Amérique du sud, doté de superbes fleurs bleues.  Imaginez-vous grandir sous de tels arbres. Saviez-vous que si Les enfants du jacaranda ont grandi à l'ombre des jacarandas, c'est avant tout sans leurs parents.

Téhéran, 1983. Neda naît dans la prison d'Evin. Elle est arrachée à sa mère quelques semaines plus tard. Alors qu’il a 3 ans, Omid est témoin de l'arrestation de ses parents dissidents. Comme d'autres enfants de prisonniers politiques, Neda et Omid seront élevés par leurs proches, à l'ombre des jacarandas. Vingt ans après, leur génération porte toujours le poids du passé, au moment où commence une nouvelle vague de protestations et de luttes politiques... 
Les enfants du jacaranda nous  propulse dans l'Iran post-révolutionnaire. Le peuple iranien se trouve confronté aux fanatiques religieux. Un pays aux prises de l’horreur et de la tyrannie, de la prison et de la guerre et des personnages désirant garder coûte que coûte leur dignité, leur humanité et qui ne cesseront de croire en l'avenir. Mais comment enfant grandit-on dans un tel pays surtout lorsque l'on est privé de ses parents ?
Azar était assise sur le lit et fixait la porte, attendant son bébé qui ne venait pas. Elle se tordait les mains, tremblant de colère et de rage, d'envie et de peur. Les heures passaient et elle commençait à perdre patience. Après avoir senti le bébé vivre et grandi en elle pendant ces neuf longs mois, après l'avoir protégé, après avoir survécu avec lui, il lui semblait fou qu'elle ne l'ait pas encore vu, qu'elle n'ait pas encore pu le tenir dans ses bras. Qu'elle ne sache pas à qui il ressemblait le plus, à elle ou à Ismaël, qu'elle ne soit même pas sûre qu'il soit vivant. Les minutes passaient avec une lenteur exaspérante. Azar regardait la porte et sentait le désir d'avoir son enfant monter en elle, si puissant qu'elle pouvait à peine respirer. (p.32)
Le petit  garçon et la façon qu'il a de courir rappellent à Dante comment il était quand il était enfant. Il courrait de la même façon chaque fois que Maman Zinat ou Khaled Leila l'envoyaient chercher quelque chose à l'épicerie plus haut dans la rue. Il courait jusqu'à la boutique, achetait ce qu'il devait acheter et repartait en courant. Il ne marchait jamais. Les petits garçons ne marchent pas. Ils courent sans cesse, comme si les remous du temps les poursuivaient toujours, tourbillonnant, bruissant. Son regard suit le garçonnet jusqu'à ce qu'il entre dans le magasin. (p.160)

L'auteure, Sahar Delijani
est elle-même née dans la prison d'Evin à Téhéran où ses deux parents étaient enfermés. Elle s'est largement  inspirée par sa propre histoire pour nous raconter l'itinéraire de trois générations d'hommes, de femmes et d'enfants, épris de poésie, de justice et de liberté. Elle nous apporte un témoignage empli de sensibilité et de délicatesse. Les enfants du jacaranda est un roman saisissant à découvrir ne serait-ce que pour nous rappeler d'apprécier jour après jour notre liberté.

Bonne lecture !

vendredi 4 septembre 2015

Mon avis sur "Les papillons rêvent-ils d'éternité ?" de Sandra Labastie


Ne vous fiez pas à son titre.  Les papillons rêvent-ils d'éternité ?  est loin d'être une roman empreint de légèreté et de poésie, c'est même tout l'inverse. Il  traite de l'extrémisme religieux vu par une enfant. En effet, Sandra Labastie nous propose ici un témoignage très dérangeant d'une fillette de bientôt treize ans qui vit dans un milieu très, très croyant, quasi sectaire.

Les élus de Dieu se préparent à la fin des temps.  Parmi eux, une fillette de presque  treize ans commence à s'interroger. Au gré des saisons, l'auteure nous révèle les réflexions et le questionnement de cette jeune fille sur la foi, sur sa foi. En outre, elle nous décrira comment fonctionne leur communauté, comment ces élus ne parlent que de la fin du monde et du Diable, ce Diable qui se cache notamment dans les masques africains, les oreillers en plume ou encore dans la musique rock (oui, oui vous avez bien lu, c'est bien écrit page 25). Elle nous dévoilera les techniques de prosélytisme employées par eux, ou comment ils excluent de leur cercle tous ceux qui sont différents. Jusqu'au jour où un des leurs, un élu  avouera avoir abusé sexuellement de cette jeune fille. Les parents  de cette dernière remettront alors en cause leur croyance et finiront par quitter cette communauté. 
Mon destin, c'est de succéder à mon père, pas dans le pouvoir car je ne suis qu'une femme, mais dans la soumission. Je devrai être la plus soumise des femmes. Je me dis que c'est peut-être ce qui est arrivé au Diable aussi, l'ange de lumière déchu, le préféré de Dieu, dit la Bible, une sorte d'héritier lui aussi. Il a refusé son destin et il est devenu ce qu'il est, un monstre, parce qu'il voulait être libre. Je pense à toutes ces choses, le soir, quand finalement je m'endors, l'imagination d'un autre destin se faufile en moi sous la forme de cauchemars. (p.98) 

Tout à coup, j'entends comme un bruit de tonnerre, fracassant, effrayant. C'est un mot que je ne veux même pas répéter et que vient de prononcer le pasteur. Il est bien pire que tous les mots de la fornication. C'est en rapport avec mon âge et l'âge de Richard. C'est un mot tellement terrible que je m'évanouis pour de vrai. Enfin. (p. 169)

Alors aussi léger qu'un papillon ce livre ?
Absolument pas. Je l'ai trouvé extrêmement dérangeant. Tout y est malsain, tout y est cliché, à tel point que j'ai eu un mal fou à boucler cette chronique ! Et côté écriture, rien de transcendant. C'est même très naïf, forcément, ce livre est écrit comme si c'était cette fillette qui nous livrait ses réflexions et son expérience.
 
Une fois n'est pas coutume, Les papillons rêvent-ils d'éternité ? est un livre que je ne conseillerai pas. Si je l'ai lu c'est uniquement pour honorer mon contrat avec le Livre de Poche, étant membre du jury du Prix des lecteurs.

A vous, je vous souhaite de bonnes (autres) lectures !


jeudi 3 septembre 2015

Mon avis sur "Traîne-savane" de Guillaume Jan

David Livingstone ça vous parle ? Mais si rappelez-vous, c'était un missionnaire, explorateur et médecin écossais. Il a découvert les chutes Victoria en 1855. La mémoire vous revient ? Qu'à cela ne tienne, avec son Traîne-savane, Guillaume Jan se charge de vous la rafraîchir.

Embarquement immédiat destination le Congo. Guillaume Jan est un baroudeur qui parcourt le monde. Amoureux de l'Afrique, il n'hésite pas à nous emmener flâner dans la jungle et la savane et nous convier chez les pygmées  où il épousera sa belle Belange. Tout au long de ce périple, il en profitera pour nous décrire le quotidien de la population congolaise, pour dénoncer la misère de ce peuple alors que le Congo regorge de ressources naturelles et qu'il aurait du devenir un pays riche. Mais Guillaume Jan ne se contente pas de nous narrer son aventure, il nous projettera dans le passé et plus particulièrement au cœur des explorations du continent africain de David Livingstone. Il nous révèlera ses combats contre l'esclavage, ses désirs d'émancipation du peuple noir. En outre, Guillaume Jan nous parlera de l'homme qu'était David Livingstone. Sans l'idéaliser, il évoquera ses réussites, ses échecs, ses passions, sa maladie et sa mort.
 

Livingstone avait un rêve pour l'Afrique, mais on ne l'a jamais pris au sérieux. Et ce rêve, c'était qu'elle s'éveille. C'était que le progrès élève la vie des populations, grâce aux vertus conjuguées de la civilisation, du commerce et de la chrétienté - on devait encore penser, à cette époque, que le bonheur pouvait être imposé par la force, on croyait encore que l'Europe savait tout mieux que les autres. (p.297)

En entremêlant sa propre histoire à celle de cet illustre explorateur, Guillaume Jan nous livre un récit passionnant, empreint d'histoire et d'humanité. On a qu'une envie, embarquer avec son Traîne-savane et explorer le Congo d'hier et d'aujourd'hui. Alors prêt pour l'embarquement ? Si vous hésitez encore, sachez qu'en juillet dernier le jury du Prix des lecteurs du Livre de Poche a majoritairement voté pour Traîne-savane.

Bonne lecture !