samedi 4 juillet 2015

Mon avis sur "Une saison à Longbourn" de Jo Baker

Jane Austen, vous connaissez ? Orgueil et préjugés ça vous parle ? Alors, Une saison à Longbourn raisonnera, forcément. A défaut, ce livre vous donnera envie de découvrir l'univers So British de Jane Austen.
Avec Une saison à Longbourn
Jo Baker a voulu rendre hommage à Jane Austen de manière tout à fait originale, elle raconte l'histoire d'
Orgueil et préjugés, mais du point de vue des domestiques. Voici qui était risqué comme challenge !

Sur le domaine de Longbourn résident les Bennet et leurs cinq filles, en âge de se marier. A l'étage inférieur, les domestiques veillent.
Personnages fantomatiques dans l’œuvre de Jane Austen Orgueil et préjugés, ils deviennent ici les protagonistes du roman. Mrs Hill, l'intendante, orchestre la petite troupe -son époux, la juvénile Polly, Sarah, une jeune idéaliste qui rêve de s'extraire de sa condition, et le dernier arrivé, James- d'une main de fer. Tous vivent au rythme des exigences et des aventures de leurs patrons bien-aimés. Une fois dans la cuisine, les histoires qui leur sont propres émergent et c'est tout un microcosme qui s'anime, pendant qu'Elizabeth et Darcy tombent amoureux au-dessus.

Une saison à Longbourn nous plonge dans l'envers du décor, l'univers du petit personnel. Et parce que les domestiques tombent aussi amoureux, l'amour est forcément au rendez-vous. 
Sarah qui était de bien des façons une personne dotée de sens pratique, savait, depuis le début, qu'elle disposait de trop peu d'informations. Ce baiser avec Ptolemée, dans les brumes de l'alcool, était son seul repère. Elle n'en gardait pas une impression très agréable mais elle n'avait aucun moyen de savoir si cela tenait à ce baiser, aux baisers en général, ou à cet homme. Elle ignorait si ce qu'elle avait éprouvé, un léger tournis, sa vanité satisfaite, un certain malaise, au sujet de Tol Bingley, ressemblait à de l'amour ou à quoi que ce soit d'ailleurs. James était là maintenant, avec sa main sur son bras, et cette sensation, sa proximité, sa voix basse, urgente, tout cela semblait important et lui procurait un sentiment de bien-être. Elle sentit qu'elle se détendait, comme un chat se prélassant auprès d'un bon feu. Il n'y avait plus que l'instant présent, alors qu'elle se tenait à la frontière entre le monde qu'elle avait toujours connu et celui qui l'attendait ; si elle n'agissait pas maintenant, elle ne saurait jamais.
   Elle parvint à atteindre sa bouche d'un petit saut. Surpris, il chancela un peu. Les lèvres de Sarah étaient douces, chaudes, maladroites, alors qu'elle pressait son petit corps contre le sien. Il ne résista pas plus longtemps. Il glissa son bras autour de sa taille fine, l'attira vers lui et s’abandonna à ce baiser, à la chaleur de sa bouche, de son corps svelte. Elle sentit son souffle s'accélérer, se pressa contre lui, pleine d'un désir impatient, puis elle retomba sur ses talons et le cœur battant la chamade, elle s'appuya contre lui, bouleversée. (p.221 & 222)

Bien écrit, Jo Baker nous livre bien l'univers et la condition domestique à l'époque Victorienne. Pari réussi donc pour cette auteure qui colle à l'univers de Jane Austen. Le rythme est lent, mais les mots s'enchaînent et s'étirent en bouche, aucun doute les cuisines méritent le détour. 

Bonne lecture !

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