dimanche 22 février 2015

Mon avis sur "On ne voyait que le bonheur" de (et sur) Grégoire Delacourt

Grégoire Delacourt, pour ceux qui l'ignoreraient encore, est l'auteur de "La liste de mes envies".
Si vous ne l'avez pas lu, je ne peux que vous le conseiller tant Grégoire Delacourt écrit bien. Son style est simple, efficace, un brin poétique. Pas besoin de longues phrases. Il est de ces auteurs qui ont le talent de vous planter un décor, de transmettre une émotion forte avec juste quelques mots bien choisis, bien pesés, bien enchaînés. Jamais un de trop. Un vrai talent (que j'admire sincèrement !).
 

Quand j'aime un auteur, un style, je m'emploie à lire ses autres romans. Je tente de percer son secret d'écriture, mais surtout parce qu'il me plaît de suivre son évolution.

"La première chose que l'on regarde" a été publié l'année qui a suivie son immense succès. Passé la référence à Scarlett Johansson (actrice et chanteuse américaine dont il s'est inspiré pour son personnage féminin et rappelez-vous, qui lui valut un procès !), ce roman était touchant néanmoins, je n'avais pas ressenti le même plaisir. Peut-être était-il venu trop vite après "La liste de mes envies" dont j'étais encore imprégnée.

Le temps est passé. Fidèle à ma philosophie, j'ai lu son dernier roman "On ne voyait que le bonheur".  


Que dire ?

Antoine, agent d'assurance, embauché pour être un salaud. Il est payé pour payer le moins possible.

C'est ainsi que tout commence :  
"Une vie, et j'étais bien placé pour le savoir, vaut entre trente et quarante mille euros.
Une vie ; le col enfin à dix centimètres, le souffle court, la naissance, le sang, les larmes, la joie, la douleur, le premier bain, les premières dents, les premiers pas ; les mots nouveaux, la chute de vélo, l'appareil dentaire, la peur du tétanos, les blagues, les cousins, les vacances, les mensonges déjà, les regards en coin, les rires, les émerveillements, le corps dégingandé qui pousse de travers, les oreilles trop grandes, la mue, les érections, les potes, les filles, les trahisons, le bien qu'on fait, l'envie de changer le monde, de tuer les cons, tous les cons, les chagrins d'amour, l'amour, l'envie de mourir, le bac, la fac, Radiguet, les Stones, le rock, la curiosité, le premier boulot la première paye, le bringue pour êter ça, les fiançailles, les épousailles, la première tromperie, l'amour à nouveau, le besoin d'amour, la douceur qu'on suscite, les souvenirs déjà, le temps qui file plus vite soudain, la tâche sur le poumon droit, les caresses nouvelles, la peau, le grain de peau, le grain de beauté suspect, les tremblements, la chaleur qu'on cherche, les projets pour après, quand ils seront grands, quand on sera à nouveau deux, les voyages, des retrouvailles, un sexe bien dur, de la pierre ; une vie.

Entre trente et quarante mille euros si vous vous faites écraser.
Vingt, vingt-cinq mille si vous êtes un enfant.
Un peu plus de cent mille si vous êtes dans un avion qui vous écrabouille avec deux cent vingt-sept autres vies.
Combien valurent les nôtres ?"


Antoine nous emporte dans le tourbillon de sa vie qu'il évalue...

Ses parents, une sœur qui s'éteint, sa mère qui s'enfuit, un père impuissant,  l'amour qu'il rencontre, sa
femme, ses enfants, les tromperies, l'amour qui s'en va, qui reviendra plus tard, la tristesse, la peine, le manque, la lâcheté, la culpabilité, les remises en cause, les questions, les réponses, celles qu'il n'aura jamais et le pardon enfin. En deux mots : La Vie.

Comme à son habitude, Grégoire Delacourt manie les mots et les émotions avec talent.
Beaucoup de nostalgie, de poésie, d'introspection, d'amour, d'humour, le soleil du Mexique et enfin "On ne voyait que le bonheur".

Ce livre se lit plus qu'il ne se décrit. Alors, lisez-le !

Je finirai cette chronique comme Grégoire Delacourt commence son livre : "Ne me secouez pas, je suis plein de larmes" Henri Calet, Peau d'ours.

Bonne lecture !
 


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